Syrie : un an après la chute d’Assad, le président Ahmed al-Charaa appelle à l’unité nationale
Damas, 8 décembre 2025 – À l’occasion du premier anniversaire de la chute du régime de Bachar al-Assad, le président syrien Ahmed al-Charaa a prononcé ce lundi un discours solennel, marqué par un appel à l’unité et à la reconstruction d’un pays profondément meurtri par treize années de guerre civile.
Devant un parterre de responsables politiques, militaires et représentants de la société civile, al-Charaa a qualifié cette date de « tournant décisif » dans l’histoire moderne de la Syrie. Il a rappelé que le 8 décembre 2024 avait symbolisé « la fin d’un demi-siècle d’autoritarisme » et « l’ouverture d’une nouvelle ère pour le peuple syrien ».
Un discours centré sur la réconciliation nationale
Dans une allocution empreinte de solennité, le président a exhorté les Syriens de toutes régions et appartenances à « dépasser les divisions héritées du conflit » et à rejoindre « un projet commun de reconstruction ».
Al-Charaa a insisté sur la nécessité de « rétablir la confiance entre l’État et les citoyens » après des décennies de répression et de méfiance. Il a également réaffirmé son engagement à bâtir des institutions « transparentes, stables et représentatives de l’ensemble du peuple syrien ».
Reconstruction, retour des déplacés et défis économiques
Parmi les priorités évoquées, la reconstruction occupe une place centrale. Le président a reconnu l’ampleur des destructions et la difficulté colossale que représente la remise en état des infrastructures. Il a appelé la communauté internationale à « soutenir la Syrie dans cette phase historique », tout en assurant que le pays « ne dépendra plus jamais d’un seul allié ».
Selon les chiffres présentés aujourd’hui, près de trois millions de Syriens – réfugiés ou déplacés internes – seraient déjà revenus chez eux depuis décembre 2024. Une dynamique saluée par les autorités, mais que les ONG jugent fragile dans un contexte de pauvreté extrême et de manque d’accès aux services essentiels.
Malgré une amélioration relative du climat sécuritaire, la vie quotidienne reste marquée par les pénuries, le chômage et l’effondrement du pouvoir d’achat. Al-Charaa a promis d’accélérer les réformes économiques et de lutter contre « toutes les formes de corruption », qualifiée de « fléau qui a miné la Syrie pendant des décennies ».
Un soutien populaire majoritaire, mais un pays encore divisé
Un sondage réalisé avant le discours indique que 81 % des Syriens déclarent faire confiance au président intérimaire, un chiffre porté par l’espoir suscité par la fin du régime Assad.
Cependant, de larges segments de la population demeurent prudents : les minorités religieuses et ethniques, en particulier, redoutent une marginalisation dans la nouvelle architecture politique. Des violences communautaires ont également éclaté ces derniers mois, rappelant la fragilité de la transition.
Le président a appelé à « protéger les droits de chacun » et a assuré que « la nouvelle Syrie sera un pays pour tous ».
Une journée devenue symbole
Le 8 décembre est désormais célébré comme le Jour de la Libération, férié et commémoré à travers plusieurs villes. Les célébrations ont été marquées par des rassemblements populaires, des concerts, des hommages aux victimes de la guerre et des discours de responsables locaux.
Un avenir incertain mais porteur d’espoir
En conclusion, al-Charaa a reconnu que la route vers une stabilité durable reste longue :
« Nous ne promettons pas un chemin facile. Mais nous promettons un chemin honnête, un chemin partagé par tous les Syriens. »
Si l’optimisme est palpable dans une partie de la population, les défis politiques, sécuritaires et économiques demeurent immenses. L’année 2026 sera décisive pour déterminer si la transition syrienne peut réellement ouvrir la voie à une paix durable.
