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Soudan : Al-Burhan rejette le plan de paix américain, accuse les Émirats de partialité

Le général Abdelfatah Al-Burhan, président du Conseil souverain et chef de l’armée soudanaise, a catégoriquement rejeté la proposition de trêve présentée par la commission quadripartite internationale, dite « Quad », la qualifiant d’« inacceptable » et de « pire document proposé » à ce jour. Lors d’une réunion avec des officiers de l’armée, le général a dénoncé ce qu’il considère comme un parti pris de la commission, notamment en raison de la participation des Émirats arabes unis, qu’il accuse de soutenir la milice des Forces de Soutien Rapide (FSR).

« La commission n’est pas neutre et ne peut assumer ses responsabilités », a affirmé Al-Burhan. Le général a également critiqué le contenu de la feuille de route proposée par le conseiller américain aux affaires arabes et internationales, Massad Boulos, estimant qu’elle ignore « l’existence des forces armées », appelle à la dissolution des services de sécurité et à l’immobilisation des FSR. « Ce document nous impose une tutelle déguisée », a-t-il ajouté. Selon lui, seule la feuille de route de Khartoum, publiée en février dernier, devrait servir de base pour toute proposition de cessez-le-feu.

Al-Burhan a par ailleurs réfuté les accusations de Boulos sur l’usage d’armes chimiques par l’armée soudanaise et l’influence supposée des Frères musulmans au sein des forces armées. Selon lui, ces affirmations visent à influencer les autres membres de la commission, notamment l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats. Le chef militaire a renouvelé ses accusations contre les FSR, qu’il accuse de massacres et d’« épuration ethnique », et a promis de reprendre le contrôle des terres actuellement occupées par la milice du général Mohamed Hamdane Daglo.

Face aux accusations d’Al-Burhan, les Émirats arabes unis ont vivement réagi. La ministre d’État à la coopération internationale, Reem Al-Hashimy, a dénoncé ce qu’elle considère comme un comportement d’« obstruction » de la part du général, l’accusant de refuser systématiquement toute offre de paix et de faire obstacle à un cessez-le-feu.

Le rôle des Émirats dans le conflit soudanais reste controversé. Bien que la Cour internationale de Justice ait rejeté pour incompétence la plainte du Soudan contre Abu Dhabi pour « complicité de génocide » au Darfour, plusieurs incidents ont alimenté les soupçons. L’été dernier, l’armée de l’air soudanaise a abattu un avion militaire émirati transportant une cinquantaine de mercenaires colombiens et un responsable émirati. Des rapports ont également documenté l’acheminement d’armes, de drones et de lance-roquettes aux FSR, ainsi que l’exploitation par la milice de mines d’or fournissant aux Émirats des tonnes de métal précieux malgré le conflit en cours.

Selon certains témoignages, les forces émiraties ont utilisé des pistes d’atterrissage au Tchad pour évacuer des blessés des FSR et assurer un soutien logistique à la milice. Malgré ces éléments, Abu Dhabi continue de nier toute implication directe et dénonce à son tour Khartoum pour avoir entravé la paix en refusant la feuille de route américaine.

Le rejet d’Al-Burhan complique encore un conflit qui plonge le Soudan dans une crise humanitaire et sécuritaire profonde, alors que la communauté internationale peine à imposer un cessez-le-feu durable entre l’armée et les FSR.

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