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Belkacem Hadjadj au forum du cinéma de Tizi Ouzou : « Nous attendons du concret »

Lors de la deuxième édition du forum mensuel du cinéma organisé à Tizi Ouzou, le réalisateur et producteur Belkacem Hadjadj a livré une intervention riche, centrée sur deux enjeux majeurs pour l’avenir du septième art en Algérie : l’évolution des mentalités et la professionnalisation des métiers du cinéma.

Invité par le modérateur Salem Aït Ali Belkacem, le cinéaste est d’abord revenu sur ses débuts, rappelant que sa passion pour le théâtre et le cinéma est née dès le collège à Saïda, puis au lycée à Oran. Une vocation précoce qui n’avait pas été accueillie avec enthousiasme par sa famille : « Mon père voyait d’un mauvais œil que son fils fasse du théâtre ou du cinéma », confie-t-il avec humour.

Un secteur bouleversé par les mutations technologiques

Évoquant l’évolution du paysage cinématographique national, le réalisateur de Fadhma N’Soumer souligne la rupture qu’a engendrée la décennie noire. La dissolution des principales institutions publiques dédiées à la production et la distribution — l’Anaf, l’Enpa et le Caaic — a, selon lui, laissé « un grand vide » au moment même où le cinéma mondial entamait une transformation technologique profonde.

Des engagements présidentiels… mais des attentes persistantes

Hadjadj fonde beaucoup d’espoir sur les assises nationales du cinéma tenues en janvier dernier au Centre international de conférences d’Alger. Il rappelle que le président de la République y avait réaffirmé la volonté de l’État de relancer le secteur, de soutenir les projets cinématographiques et d’encourager la création artistique, dans un cadre de liberté respectueux de l’intérêt national.

Cependant, le réalisateur insiste : les professionnels attendent désormais des mesures tangibles. « Nous avons besoin de dispositifs matériels et financiers, de structures de production et de post-production, ainsi que de véritables écoles pour former les futurs cadres du cinéma », affirme-t-il.

L’urgence d’une formation solide et d’un statut pour les comédiens

La question de la formation revient avec insistance dans son discours. Il déplore notamment le manque de moyens de l’INSC de Koléa, pourtant destiné à devenir un pôle majeur dans la formation technique. Hadjadj plaide également pour une reconnaissance accrue des comédiens, qu’il estime « marginalisés » malgré la passion qui les anime.

Cinéma amazigh : un appel à briser les tabous

Abordant les difficultés rencontrées lors des castings pour les films en langue amazighe, il pointe les réticences qui persistent autour des rôles féminins. Un obstacle qui relève selon lui davantage des mentalités que du manque de talents. Il appelle ainsi les familles à ne plus considérer le métier de comédien comme « rétrograde », et à accompagner l’ouverture nécessaire à la création.

Réintroduire la culture cinématographique à l’école

En conclusion, Hadjadj souhaite que le ministère de l’Éducation nationale réinstaure les traditionnelles séances débats dans les établissements scolaires. Un outil, selon lui, indispensable pour raviver l’intérêt du jeune public et nourrir une véritable culture cinématographique. « Le cinéma doit rester un espace de liberté où l’on peut raconter le passé et le présent d’un pays, avec ses joies, ses peines et ses drames », rappelle-t-il.

Organisé par la Cinémathèque de Tizi Ouzou en collaboration avec le Centre algérien de la cinématographie, le forum continue de se positionner comme un lieu d’échange essentiel pour les acteurs du cinéma national.

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