À Alger, des enfants sahraouis dévoilent leur quotidien à travers l’objectif : une exposition entre résilience et espoir
À l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance, célébrée chaque 20 novembre, l’Unicef Algérie a levé le voile, avant-hier, sur l’exposition photographique Through Our Eyes (« À travers nos yeux ») au Palais de la culture Moufdi-Zakaria. L’événement donne à voir le regard singulier d’enfants et d’adolescents issus de cinq camps de réfugiés sahraouis près de Tindouf, initiés pour la première fois à l’art photographique dans le cadre d’un programme d’éducation humanitaire et de développement des compétences de vie.
Une première prise de parole visuelle
Pour ces jeunes, tenir un appareil photo représentait bien plus qu’un apprentissage technique : c’était l’occasion de capter leur quotidien, leurs émotions, et d’exprimer une vision souvent ignorée. La représentante de l’Unicef en Algérie, Katarina Johansson, a inauguré l’exposition aux côtés de membres du corps diplomatique et de personnalités telles que la championne olympique Imane Khelif et le chanteur Chemsou Freeklane.
Dans son intervention, Mme Johansson a rappelé que cette initiative coïncide avec l’anniversaire de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant, adoptée le 20 novembre 1989, « l’instrument relatif aux droits humains le plus ratifié de l’histoire ». Elle a expliqué que ce projet s’inscrit dans un programme éducatif plus large, destiné à renforcer leadership, confiance en soi, créativité et esprit collectif : « La photographie n’est qu’une porte d’entrée vers l’épanouissement personnel. »
Elle a également souligné le contexte particulier de cette année, marquée par cinq décennies de crise des réfugiés sahraouis et la préparation du nouveau Plan de réponse 2026-2027 : « Nous voulions rendre visibles leurs réalités et célébrer ces enfants, leurs choix et leurs histoires. » Les images exposées, a-t-elle ajouté, « racontent la résilience, la dignité et l’espoir ».
Un projet salué par les acteurs humanitaires
Le président du Croissant Rouge Sahraoui, Yahya Bouhbini, a exprimé sa « profonde reconnaissance » envers l’Unicef pour avoir mis en lumière la situation des enfants réfugiés à travers un atelier de formation ayant touché les camps de Laâyoune, Smara, Aousserd, Dakhla et Boujdour. L’initiative, selon lui, a suscité un vif enthousiasme chez les participants.
Un voyage visuel dans les camps
L’exposition, visible jusqu’au 26 novembre, réunit une cinquantaine de clichés hauts en couleurs : scènes d’école, moments de jeu, instants de sport, instantanés de vie familiale et culturelle. Les traditions sahraouies y tiennent une place privilégiée, du cérémonial du thé aux habits traditionnels, en passant par le henné et la cuisine locale. Chaque photographie dévoile un fragment de leur univers, à la fois intime et communautaire.
Ces œuvres sont le fruit d’un atelier intensif encadré par le photographe italien Giacomo Pirozzi, collaborateur de longue date de l’Unicef. Il a initié vingt enfants aux fondamentaux de la prise de vue et les a accompagnés dans la découverte d’un médium leur permettant de raconter eux-mêmes leurs histoires. Pirozzi, absent lors du vernissage, animera une rencontre à l’Institut culturel italien le 25 novembre.
La parole aux jeunes photographes
Deux jeunes participants, Baraa et Eddih, ont partagé leur expérience. Pour eux, cet apprentissage représente une occasion unique de faire entendre leur voix. Âgée de 9 ans, Baraa a été distinguée pour la meilleure photographie de l’atelier, tandis qu’Eddih, légèrement plus âgé, a remporté le prix du meilleur texte descriptif. Tous deux ont insisté sur la fierté d’avoir pu « raconter le monde depuis leur réalité ».
Un documentaire pour rappeler les enjeux de l’éducation
La soirée s’est conclue par la projection du court métrage Le Crayon bleu, retraçant les actions menées par l’Unicef en matière d’éducation dans les camps sahraouis. En quatre minutes, le film souligne l’importance cruciale de la scolarisation dans les contextes humanitaires.
Une célébration mondiale des droits de l’enfant
Chaque 20 novembre, le monde se rassemble autour de la Journée mondiale de l’enfance, en mémoire de l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant. L’exposition Through Our Eyes en est une illustration vivante : elle rend visibles des voix enfantines qui, mieux que quiconque, peuvent témoigner de leur quotidien et de leurs aspirations.
