Après les incendies dévastateurs à Tipasa : mobilisation générale pour restaurer les forêts ravagées
Quelques jours après les incendies d’une ampleur exceptionnelle qui ont ravagé la partie ouest de Tipasa les 13 et 14 novembre, l’heure est à la solidarité et à la reconstruction. Les paysages autrefois verdoyants de Larhat, Messelmoune et Hadjret Ennos offrent désormais un spectacle de désolation, les flammes ayant réduit en quelques heures des zones entières de pinède et de maquis en cendres.
191 hectares de forêts partis en fumée
Selon le wali de Tipasa, Mohamed Amine Ben Chaoulia, 191 hectares de pinèdes et de plantations fruitières ont été détruits, un bilan qui grimpe encore si l’on inclut les broussailles et autres formations forestières. Aucun décès n’est à déplorer, mais plusieurs familles vivant à proximité des foyers ont été évacuées par mesure de sécurité, permettant aux pompiers d’opérer pleinement.
Un forestier local confie que la région n’avait pas connu un tel sinistre depuis plus d’une décennie. La violence des vents, la faible humidité et la sécheresse qui sévit sur le littoral méditerranéen ont aggravé la situation, créant un cocktail propice à la propagation fulgurante des flammes.
Récits d’une nuit d’angoisse
Parmi les habitants touchés, Nabil, de Messelmoune, raconte une soirée marquée par la peur. « En arrivant chez moi, la fumée était omniprésente et des cendres s’infiltraient déjà par les fenêtres », témoigne-t-il. Depuis son quartier, il pouvait voir les braises dévaler les pentes sous l’effet du vent. Sentant le danger approcher, il a évacué sa famille pour se réfugier chez des proches à Damous.
Grâce à la mobilisation acharnée des pompiers, forestiers et services de sécurité, les flammes ont été maîtrisées au bout de deux jours d’efforts intenses, parfois menés en pleine nuit.
Une riposte nationale coordonnée
Face à l’ampleur du sinistre, Tipasa n’a pas été laissée seule. Treize wilayas ont envoyé des renforts humains et matériels, soutenus par des moyens aériens. Le Premier ministre Sifi Ghrieb, accompagné des ministres de l’Intérieur et de l’Agriculture, s’est rendu sur place. L’État a engagé tous les dispositifs nécessaires pour éviter un drame humain et limiter les dégâts sur les terres agricoles et forestières.
Cette réponse rapide et coordonnée illustre l’amélioration des capacités nationales de gestion des grands incendies, forgée par l’expérience de ces dernières années.
Réparer la forêt : entre urgence écologique et défis climatiques
Désormais, les efforts se tournent vers la restauration des forêts détruites. La wilaya de Tipasa compte 40 315 hectares de surfaces forestières, dont 68 % concentrées dans l’ouest. Le pin d’Alep y est l’espèce dominante, représentant 57 % des peuplements. C’est également l’essence la plus touchée lors des récents incendies.
Amel Mokrani, cheffe du service de protection de la faune et de la flore, rappelle l’importance des travaux d’assainissement à mener en priorité : « Ils permettent d’éliminer les sources de maladies et de créer les conditions d’une régénération saine. »
Mais elle met aussi en garde contre les risques liés à la répétition des incendies. « Sur le plan scientifique, les feux récurrents favorisent la garriguisation : les pinèdes peinent alors à se reconstituer, laissant place à des broussailles moins diversifiées », explique-t-elle.
Malgré tout, elle se veut optimiste : avec des actions humaines ciblées — reboisement, protection des sols, suivi sylvicole — la forêt peut retrouver sa vitalité et offrir de nouveau un habitat favorable à la faune locale.
Solidarité locale et évaluations des dégâts agricoles
Outre les opérations forestières, les communes touchées poursuivent l’évaluation des pertes agricoles. À Messelmoune, 115 citoyens ont déjà déclaré des dommages. Des commissions mixtes — élus, services techniques et forces de sécurité — sillonnent les exploitations pour établir un recensement précis. Les procédures, qui s’étalent sur 30 jours, visent à garantir une aide juste et adaptée aux agriculteurs affectés.
Vers une renaissance écologique
Dès ce samedi, des campagnes de volontariat seront lancées pour nettoyer les forêts des déchets et préparer le terrain à la régénération. Habitants, associations et institutions se mobiliseront côte à côte pour accompagner la renaissance des espaces naturels.
Grâce aux efforts conjoints des pouvoirs publics, des secouristes et des habitants — dont le sens civique a été salué — la vie reprend progressivement son cours dans ces contrées meurtries. Reste désormais à redonner à Dame Nature son visage d’autrefois : luxuriant, apaisant et enchanteur.
