Actifs virtuels : la Banque d’Algérie impose de nouvelles règles strictes contre le blanchiment
La Banque d’Algérie (BA) durcit encore son dispositif de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme en introduisant de nouvelles directives destinées aux banques commerciales et aux services financiers d’Algérie Poste. Bien que les opérations liées aux actifs virtuels – notamment les cryptomonnaies – restent formellement interdites en Algérie, l’institution met en garde contre leur utilisation croissante via des plateformes étrangères accessibles au grand public.
Dans une note adressée récemment aux établissements financiers, la Commission bancaire souligne le risque réel que ces actifs numériques continuent d’être utilisés grâce à des comptes bancaires ou postaux servant de relais pour des paiements sur des plateformes internationales. Les lignes directrices, au caractère obligatoire, visent à aligner le système national sur les standards du GAFI et à renforcer l’efficacité de la surveillance financière.
Des actifs sans garantie étatique et à haut risque
La Banque d’Algérie définit les actifs virtuels comme des « valeurs numériques échangeables, transférables ou utilisables pour le paiement ou l’investissement », mais dépourvus de toute garantie souveraine. Leur facilité d’échange, sans intermédiaires, attire à la fois des utilisateurs exclus du système bancaire traditionnel… et des acteurs malveillants.
La note met en lumière une série de risques majeurs : blanchiment d’argent, financement du terrorisme, prolifération d’armes de destruction massive, cybercriminalité et volatilité extrême. Un cocktail qui complique considérablement la régulation et la surveillance.
Renforcement massif des obligations de vigilance
Face à cette menace, la BA exige des institutions financières une montée en puissance de leurs dispositifs de conformité, en adoptant une approche basée sur les risques et en renforçant leur vigilance. Cela implique notamment :
- une surveillance continue des transactions ;
- un système renforcé de déclaration des opérations suspectes ;
- des programmes de formation pour les équipes concernées ;
- l’intégration de règles spécifiques dans les systèmes de contrôle interne.
Les banques devront désormais détecter automatiquement les transactions comportant des mots-clés tels que « bitcoin », « crypto », « USDT », « ETH » ou « Litecoin ».
Surveillance Internet et blocage des virements suspects
Autre mesure phare : les établissements financiers sont tenus de mettre en place une veille active sur Internet, notamment les réseaux sociaux, afin d’identifier les plateformes de trading, de jeux ou de services acceptant les dépôts et retraits en cryptomonnaies.
En parallèle, toute tentative de virement vers des plateformes préalablement identifiées comme liées aux actifs virtuels devra être systématiquement bloquée. Aucune relation d’affaires suspectée d’impliquer ces actifs ne devra être engagée.
Obligation de signalement immédiat à la CTRF
Enfin, toute opération suspecte liée aux actifs virtuels, qu’il s’agisse d’un transfert, d’une tentative de paiement ou d’un flux non identifié, devra être signalée sans délai à la Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF).
