Production halieutique : des entreprises modèles à encourager pour renforcer l’investissement
Alors que la transformation des produits de la mer devient un enjeu stratégique pour l’Algérie, plusieurs entreprises locales émergent comme des exemples à soutenir pour dynamiser le secteur. Pour Leila Akdouche, responsable du contrôle de l’activité de la pêche et de l’aquaculture à la wilaya d’Alger, la priorité est claire : « valoriser nos produits et respecter les standards internationaux afin d’améliorer la compétitivité nationale ».
Une filière encore fragile malgré une montée en puissance
Bien que plusieurs unités de transformation aient vu le jour ces dernières années, la production halieutique algérienne ne parvient pas encore à couvrir les besoins du marché. « Nous ne transformons pas réellement nos produits, car la pêche locale demeure insuffisante », explique Mme Akdouche. Sur les 15 unités privées opérationnelles, dont 6 situées à Alger, seules quelques-unes se spécialisent dans des produits à forte valeur ajoutée comme le saumon fumé, tandis que d’autres produisent thon et sardines en conserve.
Des entreprises qui se démarquent
Parmi les unités les plus actives, Mme Akdouche cite :
- COGEAT (Tassala) : opérationnelle depuis 2019, elle a débuté avec la mise en boîte du thon avant de se tourner vers la sardine. Elle importe du thon précuit de Chine ou du Vietnam et de la sardine tunisienne. Les tentatives d’utiliser le thon local (Bacorath) se heurtent à une disponibilité irrégulière.
- CPC Conserverie (Baba Ali) : lancée en 2014, elle importe du thon SKIPJACK depuis l’Inde et figure parmi les unités les plus régulières dans la production de conserves.
- Sea Food Compagnie (Birtouta) : active depuis 2022, elle se distingue par des conserves de grande taille, entre 1 kg et 1,6 kg.
Ces entreprises illustrent le potentiel de la filière mais aussi la dépendance persistante aux importations pour garantir un approvisionnement continu.
Un contrôle strict des normes
Le service de la pêche de la wilaya assure un contrôle rigoureux des unités, avec des inspections trimestrielles. « La transformation et la mise en boîte sont surveillées selon des critères internationaux, de la stérilisation à l’étiquetage », précise Mme Akdouche. Les produits finis répondent, selon elle, aux standards sanitaires exigés et se distinguent par une présentation soignée et des prix compétitifs.
Exportation : des opportunités freinées par les obstacles administratifs
Certaines unités ont déjà exporté vers la Libye et l’Égypte, mais l’expansion internationale reste freinée par le transfert de devises, souvent ralenti par les procédures bancaires. La bureaucratie constitue un autre frein majeur : « l’obtention d’une dérogation d’importation peut prendre du temps, alors que les conteneurs sont déjà au port », souligne-t-elle. Une situation critique lorsqu’il s’agit de produits périssables.
Un potentiel économique encore sous-exploité
La matière première insuffisante, les lenteurs administratives et les contraintes liées aux transferts bancaires représentent les principaux défis pour les transformateurs. Pourtant, pour Mme Akdouche, le secteur possède un potentiel considérable : « Avec les investissements adéquats et un soutien renforcé, la transformation halieutique peut devenir un véritable moteur de croissance économique en Algérie ».
