Jeux vidéo : des chercheurs algériens appellent à encadrer l’usage chez les enfants et adolescents
Des universitaires algériens mettent en garde contre la dépendance croissante aux jeux vidéo et exhortent les familles à mieux encadrer l’utilisation des écrans par les jeunes, afin de prévenir les effets néfastes sur leur santé mentale et leur développement.
Lors d’un colloque scientifique organisé à l’Université de Blida 2 sous le thème « La réalité de la dépendance aux jeux vidéo en Algérie », des chercheurs et enseignants ont analysé les risques liés à l’usage excessif des jeux électroniques, devenu, selon eux, un phénomène préoccupant dans la société algérienne, notamment chez les adolescents.
Une dépendance comparable à celle des drogues dures
Dans son intervention d’ouverture, le recteur de l’Université, Farid Kourtel, a tiré la sonnette d’alarme, citant un rapport scientifique américain selon lequel « la dépendance aux jeux vidéo équivaut à la consommation de trois doses d’héroïne par jour ». Il a ajouté que l’utilisation prolongée des appareils électroniques affaiblit la vue et la concentration des jeunes utilisateurs, tout en nuisant à leur équilibre psychologique.
Le jeu : un besoin naturel détourné par la technologie
La professeure Akila Aissou, organisatrice du forum, a rappelé que le jeu est un besoin fondamental et un droit pour l’enfant. Cependant, elle déplore que « les progrès technologiques aient transformé cette activité naturelle en une dépendance numérique ». Selon elle, de plus en plus de familles, au lieu d’encourager la lecture ou le sport, offrent des téléphones et tablettes à leurs enfants, amplifiant ainsi le phénomène d’addiction.
Elle a souligné que de nombreuses études locales montrent une proportion alarmante de jeunes qui passent la majeure partie de leur temps devant les écrans, au détriment de leur vie sociale, religieuse et éducative.
Isolement et troubles cognitifs en hausse
Pour le Dr Zoubida Kobtane, cette dépendance entraîne un isolement social, des troubles du sommeil, une baisse du rendement scolaire et une perte d’intérêt pour la lecture et les activités culturelles. Elle recommande aux parents d’orienter leurs enfants vers des jeux à visée éducative ou cognitive, et de les encourager à pratiquer le sport ou à rejoindre des clubs culturels.
Le Dr Amina Al Kadim a, de son côté, expliqué que les effets de l’addiction aux jeux vidéo sur le cerveau sont similaires à ceux provoqués par la toxicomanie. Elle a détaillé le rôle du noyau accumbens, une zone cérébrale qui libère la dopamine, hormone du plaisir : « Lorsqu’un enfant joue de façon excessive, son cerveau est surstimulé. Il ressent ensuite un manque comparable à un sevrage lorsqu’il arrête de jouer. »
Un appel à la prévention et à la sensibilisation
Les chercheurs ont insisté sur le caractère préventif de la prise en charge de cette dépendance. Selon eux, il est essentiel de limiter le temps d’écran, d’occuper les enfants par des activités artistiques ou sportives et de renforcer la communication familiale.
En conclusion, les participants ont recommandé le lancement d’une campagne nationale de sensibilisation sur les dangers de la dépendance numérique. Ils ont appelé à une action collective impliquant les familles, les écoles et les institutions publiques afin d’encadrer l’usage des jeux vidéo et de protéger la santé mentale des jeunes générations.
« L’usage des jeux vidéo doit rester un loisir encadré, non une échappatoire destructrice », ont résumé les experts.
