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France–Algérie : Pourquoi Paris veut renouer le dialogue avec Alger

Après plusieurs mois de tensions diplomatiques, la France semble décidée à rétablir le contact avec l’Algérie. Devant l’Assemblée nationale, mardi, le Premier ministre français Sébastien Lecornu a plaidé pour une reprise du dialogue bilatéral, estimant qu’il est « nécessaire de relancer les relations avec Alger », gelées depuis juillet 2024.

Cette volonté d’apaisement dépasse, selon lui, la seule question migratoire mise en avant par le Rassemblement national (RN) à la suite du vote d’une résolution parlementaire réclamant la dénonciation des accords de 1968 sur la circulation, le séjour et l’emploi des Algériens en France.

Sécurité, économie et souveraineté : les arguments de Lecornu

Face aux députés, Sébastien Lecornu a défendu une approche globale :

« La coopération avec l’Algérie ne se limite pas à la question migratoire. Elle concerne aussi la lutte contre le terrorisme, la sécurité régionale, la stabilité au Sahel, la sécurité maritime et les échanges économiques », a-t-il déclaré.

Le Premier ministre a rappelé que ces priorités figuraient déjà dans son agenda lorsqu’il était ministre des Armées, soulignant que l’Algérie demeure un acteur incontournable dans la lutte anti-terroriste au Sahel, alors que la situation sécuritaire se détériore jusqu’aux abords de Bamako.

Sur le plan économique, il a rappelé que plusieurs centaines d’entreprises françaises attendent une normalisation des relations bilatérales pour relancer leurs activités. Le président de la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF), Michel Bisac, avait déjà appelé à « l’apaisement » pour préserver la présence économique française en Algérie.

Un débat relancé autour des accords migratoires de 1968

Interpellé par Marine Le Pen, Sébastien Lecornu a rejeté toute idée d’abrogation pure et simple de ces accords :

« Je ne crois pas à leur suppression, mais à leur renégociation », a-t-il tranché.

Il a rappelé que les accords avaient déjà été renégociés à trois reprises et que toute décision de dénonciation relevait des prérogatives de l’exécutif, non du Parlement. La résolution adoptée la semaine précédente reste donc symbolique.

Lecornu a également précisé que la renégociation faisait partie du programme du Haut comité franco-algérien, tenu à Alger en octobre 2022, bien avant la crise diplomatique actuelle.

Paris multiplie les signaux d’apaisement

Le Premier ministre a aussi tenu à redéfinir le ton de la relation :

« Nous devons traiter l’Algérie avec respect et ne jamais en faire un sujet de politique intérieure », a-t-il insisté, marquant ainsi une rupture avec la ligne de confrontation incarnée par l’ancien ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.

Cette orientation est partagée par le nouveau chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, qui, dans une interview sur RTL, a lui aussi défendu la nécessité de renouer le dialogue autour des mêmes axes : migration, sécurité et économie.

La nomination de Laurent Nunez au ministère de l’Intérieur va également dans ce sens. Ancien préfet de Paris, il a adopté un ton conciliant, estimant que « la logique du bras de fer avec l’Algérie ne menait à rien ». Il a reconnu que la coopération sécuritaire et antiterroriste entre les deux pays s’était dégradée à cause de la politique menée ces dernières années.

Vers un réchauffement progressif ?

Les déclarations convergentes de Lecornu, Barrot et Nunez, combinées au message adressé par le président Emmanuel Macron à Abdelmadjid Tebboune à l’occasion du 71e anniversaire du 1er Novembre 1954, témoignent d’une volonté de tourner la page des tensions.

Paris cherche désormais à reconstruire une relation de confiance fondée sur le respect mutuel, la coopération sécuritaire et la relance économique, autant de leviers indispensables pour rétablir une dynamique franco-algérienne stable et durable.

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