13 2Actualités international 

Niamey et Bamako fragilisés par la montée de l’insécurité

Les États-Unis ont appelé leurs ressortissants à quitter le Niger et le Mali face à la dégradation rapide de la situation sécuritaire dans les deux pays sahéliens, désormais classés au niveau d’alerte maximal (niveau 4) par le Département d’État américain.

Cette mise en garde, publiée après l’enlèvement d’un missionnaire américain à Niamey, souligne l’aggravation du risque sécuritaire dans le pays, alimentée par la crise politique persistante et la recrudescence des activités terroristes dans le nord et le sud-est. Selon le communiqué du Département d’État, les menaces incluent la criminalité organisée, le terrorisme, les troubles politiques et les enlèvements. Les familles du personnel diplomatique américain ont été autorisées à quitter le pays, tandis que la délivrance de visas pour les ressortissants nigériens a été suspendue. Les autorités américaines évoquent un pays miné par la violence, où les groupes armés, notamment ceux affiliés à Boko Haram, multiplient les attaques et les enlèvements d’étrangers, souvent libérés contre rançon.

Cette décision intervient alors que Washington a également ordonné, il y a une semaine, le rapatriement du personnel non essentiel de son ambassade à Bamako. Au Mali, la situation est tout aussi critique : plusieurs villes sont assiégées par le groupe terroriste Jamaat Nosrat al-islam wal-Mouslimin (JNIM), affilié à Al-Qaïda et dirigé par Iyad Ag Ghali. Les attaques répétées contre les convois de carburants importés du Sénégal et de la Côte d’Ivoire ont provoqué une grave pénurie énergétique, paralysant une partie de l’économie nationale. Les écoles et universités ont été fermées et l’électricité rationnée pour faire face à la crise.

Cette instabilité croissante s’ajoute à un bras de fer diplomatique récent entre Washington et Bamako autour des frais de visa imposés par les deux pays, un épisode suivi d’un avertissement de voyage invitant les citoyens américains à éviter le Mali et à quitter le pays immédiatement. Dans le même sillage, le Royaume-Uni a recommandé à son personnel non essentiel de quitter Bamako, une mesure imitée par Berlin et Rome, qui ont annoncé le retrait temporaire de leurs diplomates. Ces départs traduisent l’isolement grandissant du Mali, où les forces armées locales, appuyées par les éléments de l’Africa Corps (ex-Wagner), peinent à contenir les offensives terroristes.

Alors que la Russie et la Chine maintiennent pour l’instant leurs représentations diplomatiques, refusant d’imiter les capitales occidentales, la situation met en lumière la fragilité politique et militaire de la junte au pouvoir à Bamako. Depuis cinq ans, celle-ci a rompu le dialogue avec la classe politique et la société civile, préférant s’appuyer sur de nouveaux partenaires étrangers. Entre instabilité sécuritaire, isolement diplomatique et paralysie économique, Niamey et Bamako apparaissent aujourd’hui plus vulnérables que jamais, au cœur d’un Sahel en proie à la violence et à l’incertitude.

Articles relatifs

Leave a Comment