Algérie : des perspectives prometteuses pour la transformation agroalimentaire de la grenade
La production exceptionnelle de grenades cette année ouvre de nouvelles perspectives pour la transformation agroalimentaire et l’exportation. Fruit emblématique de l’automne, la grenade s’impose désormais comme une filière agricole en pleine expansion, grâce à des rendements record et une qualité gustative reconnue.
Dans plusieurs régions du pays, les producteurs témoignent d’une hausse significative des volumes récoltés. À Mostaganem, les rendements atteignent près de 400 quintaux par hectare en culture intensive, selon l’agriculteur Mohamed Yakoub, qui souligne « la qualité exceptionnelle » de la production locale. Même constat à Djelfa, où Ahmed Layachi évoque une récolte « très opulente » à Messaâd, avec 150 quintaux par hectare.
Des rendements records à l’Est du pays
Dans les wilayas de l’Est, les résultats sont tout aussi encourageants. À El Tarf, le président de la Chambre d’agriculture, Sassi Laâbadlia, annonce un rendement moyen de 250 quintaux par hectare, avec plus de huit variétés locales, dont la célèbre grenade de Sidi Djemil. Ces performances, selon les producteurs, résultent du soutien de l’État à travers la réalisation de forages, l’électrification agricole et la mise à disposition d’engrais subventionnés.
L’expert agricole Laâla Boukhalfa souligne que cette dynamique s’inscrit dans une tendance plus large de développement des filières fruitières — raisins, agrumes, dattes — rendue possible par la stabilité climatique et les politiques publiques de soutien à l’investissement agricole.
Une filière en plein essor à l’Ouest
Le grenadier connaît également un essor remarquable dans les wilayas de l’Ouest, où de nouveaux pôles agricoles émergent. Cette abondance a fait baisser le prix du fruit jusqu’à 50 dinars le kilo, rendant la grenade plus accessible aux consommateurs. Pour Boukhalfa, cette surproduction est « la conséquence d’un investissement public massif », notamment en matière de crédits agricoles, de forages accélérés et de subventions aux engrais atteignant 50 %.
Toutefois, l’expert met en garde contre les risques d’une surproduction non maîtrisée. Il appelle à accompagner cet essor par une stratégie de transformation, de stockage et d’exportation, afin de garantir la stabilité des revenus des agriculteurs et d’éviter les pertes économiques.
Vers une valorisation agroalimentaire et une agriculture connectée
Pour répondre aux défis de cette croissance, Boukhalfa plaide pour une accélération de la numérisation du secteur agricole, outil indispensable selon lui pour évaluer la production nationale, anticiper les besoins du marché et orienter les décisions économiques.
Il recommande également de développer la transformation agroalimentaire de la grenade — jus, sirops, confitures, extraits naturels — pour valoriser les excédents et stimuler l’exportation. « Les transformateurs ont besoin de garanties sur leur approvisionnement », explique-t-il, appelant à instaurer une agriculture contractuelle entre producteurs et industriels.
Une synergie entre acteurs pour un modèle durable
Pour l’expert, seule une synergie entre producteurs, transformateurs et distributeurs permettra d’assurer la pérennité économique de la filière et de consolider la place de la grenade algérienne sur les marchés extérieurs.
« Si l’agriculture, l’industrie et le commerce avancent ensemble, tout le monde y gagne — du producteur au consommateur », conclut Boukhalfa, optimiste quant à l’avenir d’une filière devenue symbole de la diversification agricole en Algérie.
