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Lutte contre la corruption : la justice frappe fort à Dar El Beïda

La lutte contre la corruption franchit une nouvelle étape en Algérie. Le parquet de la République près le tribunal de Dar El Beïda (Alger) a annoncé le placement sous mandat de dépôt de dix-sept personnes, dont neuf fonctionnaires publics et huit opérateurs économiques, poursuivies pour divers faits de corruption liés à l’importation de matières premières subventionnées.

Selon le communiqué du parquet, tout a commencé le 8 septembre 2025, lorsqu’un dénonciateur a signalé à la Gendarmerie nationale d’Alger qu’une fonctionnaire du ministère du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations aurait usé de sa position pour accorder indûment des autorisations d’importation à des opérateurs économiques. L’enquête préliminaire, menée sous la supervision du parquet, a permis de mettre au jour un réseau combinant agents publics et acteurs du secteur privé, impliqués dans des manipulations de tableaux estimatifs d’importation en échange d’avantages financiers.

Le 21 octobre, les suspects ont été présentés devant la justice et poursuivis pour abus de fonction, trafic d’influence, demande et acceptation d’avantages indus. À l’issue de leur audition par le juge d’instruction, dix-sept d’entre eux ont été placés en détention provisoire. L’enquête judiciaire se poursuit afin d’identifier d’éventuels complices et de mesurer l’ampleur du réseau.

Un avertissement présidentiel clair

Ces développements interviennent quelques semaines après la mise en garde du président Abdelmadjid Tebboune, qui avait appelé les opérateurs économiques à davantage de transparence. « Nous suivons les activités de 10 000 importateurs », avait-il déclaré, dénonçant certaines pratiques frauduleuses et rappelant que « la corruption a diminué de 85 %, mais il en reste encore ».

Le chef de l’État avait également pointé du doigt des comportements abusifs dans le secteur des importations, citant notamment le cas d’un opérateur ayant acquis 250 camions pour une unité de production encore inactive. « C’est de la folie. On ne peut pas continuer à fonctionner de cette manière », avait-il fustigé, avant d’avertir : « Ta ruse te conduira là où elle a conduit les autres, voire plus. »

Tebboune avait parallèlement assuré les entrepreneurs honnêtes de son soutien, promettant un cadre fiscal allégé et une administration au service des producteurs, tout en insistant sur la nécessité d’assainir les registres des importateurs et d’écarter ceux qui ne respectent pas les règles.

Un signal fort de l’État algérien

L’affaire révélée par le parquet de Dar El Beïda illustre la volonté des autorités de renforcer la transparence économique et la moralisation de la vie publique. Elle intervient dans un contexte où l’Algérie cherche à réduire sa dépendance aux importations incontrôlées, à encourager la production nationale et à consolider la bonne gouvernance.

Le fait qu’une dénonciation citoyenne ait déclenché l’enquête traduit l’efficacité croissante des mécanismes de signalement et de contrôle. Cependant, la crédibilité de cette démarche dépendra de la suite judiciaire donnée à cette affaire et de la rigueur dans l’application des sanctions.

La « tolérance zéro » prônée par le président Tebboune trouve ici une traduction concrète : aucun statut, ni fonctionnaire ni opérateur privé, ne semble désormais à l’abri de la justice. Cette dynamique, si elle se poursuit avec constance et transparence, pourrait marquer une étape décisive vers « l’Algérie de la transparence » que le pouvoir ambitionne de bâtir.

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