Abdelaziz Belkhadem relance le débat sur la limitation des mandats électifs
Alger – Invité du podcast « Littarikh » diffusé par la chaîne El Khabar TV, l’ancien chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, a appelé à reconsidérer la limitation des mandats dans les assemblées élues, estimant que cette mesure restreint la souveraineté populaire, qui seule devrait décider du maintien ou non des représentants.
Dans son intervention, Belkhadem a salué les efforts de renouvellement politique portés par les réformes du président Abdelmadjid Tebboune, notamment celles favorisant l’accès des jeunes à la vie publique. Toutefois, il a exprimé ses réserves quant au verrouillage des mandats parlementaires, affirmant :
« Si un élu est compétent et intègre, pourquoi lui interdire de se représenter ? »
Il a insisté sur le fait que la limitation des mandats ne doit pas être perçue comme un principe immuable, mais plutôt comme une question ouverte au débat démocratique, tant que le respect de la Constitution en vigueur demeure garanti.
Pour rappel, la Constitution de 2020 introduite sous la présidence de Tebboune a instauré la limitation des mandats à deux, consécutifs ou non, aussi bien pour le président de la République que pour les députés et sénateurs. Le code électoral, à travers l’article 200, interdit en effet à tout candidat au Conseil populaire national de briguer un troisième mandat, même non consécutif.
Cette réforme, bien qu’ayant pour objectif d’assurer le renouvellement de la classe politique et de rompre avec les pratiques d’accaparement du pouvoir, continue de susciter des avis partagés. D’un côté, ses partisans y voient une avancée vers une gouvernance plus ouverte et plus représentative. De l’autre, ses détracteurs dénoncent une atteinte à la liberté de choix des électeurs et un frein à l’expérience parlementaire accumulée.
Plusieurs figures politiques et partis ont exprimé leur opposition à cette restriction, jugeant que le véritable enjeu réside dans la transparence des élections. Ils pointent notamment du doigt les fraudes électorales qui ont marqué plusieurs scrutins depuis les années 1990, et qui ont, selon eux, davantage affaibli la légitimité des représentants que la durée de leur mandat.
Les opposants à la limitation rappellent que de nombreux systèmes parlementaires à travers le monde ne fixent pas de nombre maximal de mandats, privilégiant le jugement des électeurs lors des élections pour évaluer la performance des élus. Ils appellent ainsi à des élections libres et équitables comme seul véritable moyen de garantir une représentation authentique du peuple.
Avec l’approche attendue d’une révision des lois électorale et sur les partis politiques, la question de la durée des mandats pourrait revenir sur la table. Bien que le président Tebboune ait jusqu’ici défendu le principe du mandat limité, il a également laissé entendre que le texte constitutionnel n’était pas figé, ouvrant ainsi la voie à d’éventuelles modifications.
Le débat est donc relancé, et la société politique algérienne pourrait bien voir resurgir, dans un avenir proche, le clivage entre partisans de la stabilité législative par le renouvellement et ceux d’une démocratie fondée sur la libre réélection des élus par la volonté populaire.
