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France-Algérie : entre gestes symboliques et messages contradictoires, une relation sous tension

Alors que les relations entre Paris et Alger semblent traverser une phase d’incertitude, les derniers gestes politiques français donnent le sentiment d’un flottement stratégique. En l’espace de quelques jours, plusieurs signaux venus du sommet de l’État français ont ravivé les interrogations sur les intentions réelles de Paris à l’égard de son partenaire algérien. Entre volonté d’apaisement, contradictions internes et enjeux électoraux, la relation bilatérale paraît prise dans une zone grise.

Un nouveau ton au ministère de l’Intérieur

Le premier signe d’un éventuel tournant est venu du nouveau ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, qui a choisi, le 16 octobre, de s’éloigner du ton musclé de son prédécesseur Bruno Retailleau. Interrogé sur la question sensible des obligations de quitter le territoire (OQTF) et des relations avec Alger, Nuñez a tenu un discours modéré, insistant sur la nécessité de maintenir la coopération sécuritaire entre les deux pays. Ce changement de posture a été perçu comme une tentative de décrispation, plaçant les échanges avec l’Algérie dans une logique institutionnelle, loin des discours électoralistes.

Un rapport parlementaire qui ravive les tensions

Mais cette tentative d’apaisement a rapidement été brouillée par un autre signal venu du Parlement. Le député Renaissance Charles Rodwell a présenté un rapport devant la commission des finances appelant à remettre en cause les « privilèges » accordés aux ressortissants algériens dans le cadre de l’accord bilatéral de 1968. Il a même proposé que la France dénonce cet accord, en rupture avec la diplomatie prudente adoptée par l’Élysée ces derniers mois. Bien que plusieurs élus aient dénoncé une manœuvre politique opportuniste, destinée à alimenter le débat sur l’immigration, ce rapport a ravivé des tensions avec Alger et rendu illisible la ligne générale du pouvoir français.

Un geste mémoriel venu de l’Élysée

Le 17 octobre, l’Élysée a tenté de corriger le tir. À l’occasion de la commémoration du massacre du 17 octobre 1961, l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, a pris part à une cérémonie à Alger, sur instruction du président Emmanuel Macron. Ce geste, hautement symbolique, visait à souligner la reconnaissance par la France de cette page sombre de son histoire coloniale, et à envoyer un signal d’ouverture vers un nouveau dialogue. Mais l’initiative n’a pas échappé aux critiques de la droite française, qui accuse Macron de céder à une « repentance permanente », fragilisant ainsi toute tentative de réconciliation mémorielle.

Une stratégie confuse à l’approche de 2027 ?

Entre les déclarations mesurées de Laurent Nuñez, les provocations parlementaires et les gestes présidentiels symboliques, la politique française envers l’Algérie donne l’image d’une stratégie éclatée, parfois incohérente. Dans un contexte marqué par la montée des tensions intérieures autour des questions migratoires et identitaires, ces signaux contradictoires laissent planer le doute sur les véritables priorités de l’exécutif.

S’agit-il d’une volonté sincère de renouer le dialogue avec Alger ou d’une posture dictée par des calculs politiques à l’approche de l’élection présidentielle de 2027 ? La question reste entière. Tant que la ligne directrice ne sera pas clairement affirmée par le président de la République lui-même, la relation entre la France et l’Algérie restera suspendue à des gestes isolés, sans vision globale. Une situation qui ne fait qu’entretenir la méfiance réciproque et retarder la construction d’un partenariat stable et équilibré.

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