Journée mondiale de la femme rurale : bâtisseuses silencieuses d’une Algérie durable
Chaque 15 octobre, la Journée mondiale de la femme rurale célèbre celles qui, souvent loin des projecteurs, jouent un rôle fondamental dans la cohésion sociale, l’économie locale et la préservation de l’environnement. En Algérie, cette journée prend une résonance particulière, tant les femmes rurales s’imposent aujourd’hui comme des piliers d’un développement à la fois inclusif, résilient et durable.
Une force tranquille au service de la terre et de la société
Des montagnes de Kabylie aux oasis sahariennes, en passant par les hauts plateaux, des milliers de femmes perpétuent des savoir-faire ancestraux tout en s’ouvrant aux exigences de la modernité. Agricultures de subsistance, artisanat, production d’huiles essentielles, recyclage ou agroécologie : les femmes rurales algériennes participent à la transition verte du pays. Raja Lahlahi, présidente de l’association Femmes Vertes de Kabylie, résume cet élan : « Nos mères ont toujours vécu en symbiose avec la nature. Nous faisons de cet héritage un levier de développement local. »
Son association encadre une centaine de femmes dans des activités écologiques génératrices de revenus. L’objectif : allier autonomie économique et préservation de l’environnement.
Un cadre gouvernemental en soutien à la dynamique
Le gouvernement algérien accompagne cette dynamique par un programme structuré. Le ministère de l’Environnement et de la Qualité de la vie a placé les femmes rurales au cœur de sa stratégie pour l’économie verte. À travers le Conservatoire national des formations à l’environnement, plus de 300 femmes ont été formées à des techniques telles que le compostage, la distillation d’huiles essentielles ou encore le recyclage artistique. Certaines sont aujourd’hui à la tête de coopératives qui redonnent vie économique à des villages reculés.
Microcrédit : levier d’autonomie
La politique de soutien s’appuie également sur des instruments financiers adaptés. L’Agence nationale de gestion du microcrédit (ANGEM) a déjà permis à 183 000 femmes rurales de bénéficier d’un accompagnement, dont près de 2 800 projets verts. À Tamanrasset, Khadidja Aït El Hadj a pu, grâce à ce dispositif, créer une unité de fabrication d’huiles essentielles à partir de plantes sahariennes. « Je vends désormais en ligne, et ce projet a changé ma vie », témoigne-t-elle.
Ces initiatives dessinent les contours d’une économie circulaire, durable, et plus inclusive, où chaque projet porté par une femme crée un impact démultiplié au sein de sa communauté.
Inclusion, formation et solidarité
Le ministère de la Solidarité nationale, en synergie avec d’autres départements ministériels, mène un travail de terrain visant à former, informer et insérer économiquement les femmes rurales. Des caravanes sillonnent les régions enclavées pour expliquer les dispositifs existants, aider à la constitution des dossiers et sensibiliser à l’entrepreneuriat.
Des partenariats sont également établis avec le ministère des Start-up, afin de rapprocher les femmes rurales des innovations technologiques. Pour Mohamed Djakoun, sociologue, cette autonomisation est bien plus qu’une politique publique : « C’est une révolution silencieuse. Quand une femme prend son destin en main, elle change la perception de son rôle dans la société. »
Une génération innovante et ancrée
À Béjaïa, Tizi Ouzou, El Oued ou Laghouat, de jeunes entrepreneures rurales incarnent ce nouveau visage d’une Algérie qui croit en ses territoires. Applications de gestion durable des cultures, recyclage plastique, emballages écologiques : les initiatives se multiplient, portées par une génération de femmes qui prouve que ruralité rime avec innovation.
Hada Mahieddine Bali, fondatrice de la start-up EcoRurale, en est convaincue : « La femme rurale algérienne est un moteur de changement. C’est en valorisant ses compétences qu’on pourra construire un développement équilibré. »
Une date, un symbole, un tournant
La Journée mondiale de la femme rurale n’est pas seulement une célébration. Elle rappelle que l’Algérie de demain se construira avec celles qui, depuis toujours, cultivent la terre, la mémoire et l’avenir. Elles sont les bâtisseuses silencieuses d’une Algérie durable, actrices d’un changement profond, ancré dans les territoires et porté par l’espoir.
