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« Palestine trahie » de Kateb Yacine donne le ton d’un FITB engagé et africain

La 14e édition du Festival international du théâtre de Bejaïa (FITB) s’est ouverte avec force et émotion grâce à la pièce Palestine trahie de Kateb Yacine, présentée par la troupe du Théâtre régional de Tizi Ouzou. Mise en scène par Ahmed Rezzak, cette œuvre percutante, toujours d’actualité face au drame que traverse la population palestinienne à Ghaza, a donné une dimension profondément politique et humaine à cette ouverture.

Dans une salle comble du Théâtre régional de Bejaïa, le public a assisté à une mise en scène puissante qui retrace le processus de dépossession du peuple palestinien. L’histoire de Mohamed, un oléiculteur contraint de céder sa terre, puis sa maison à des spéculateurs soutenus par les puissances coloniales, met en lumière les mécanismes d’oppression, la complicité de notables corrompus et le silence des dirigeants arabes. La pièce dénonce une trahison collective, à travers une fresque dramatique où s’entrelacent la résistance, la douleur et la dignité.

Cette ouverture intervient dans un contexte où le théâtre africain est à l’honneur. Le FITB a choisi cette année de mettre en avant les luttes, les identités et les voix du continent. En amont de la cérémonie, une halte symbolique a été faite à la placette Patrice Lumumba, en hommage au leader congolais assassiné en 1961. Une mosaïque à son effigie, restaurée grâce au financement du festival, a été dévoilée, rappelant son engagement panafricain et sa solidarité avec le peuple algérien en lutte pour son indépendance. Une gerbe de fleurs y a été déposée, dans une ambiance de recueillement empreinte de respect et de mémoire.

Lors de son discours d’ouverture, le commissaire du festival, Slimane Benaïssa, a salué les prémices de paix à Gaza et souligné l’importance de cette édition consacrée à l’Afrique. Il a rappelé que les Africains doivent apprendre à se découvrir autrement que par le prisme colonial, affirmant : « Il est temps de se regarder les yeux dans les yeux ». Il a également annoncé un colloque autour des langues africaines, présenté comme un premier pas vers une meilleure compréhension et coopération culturelle entre pays du continent.

Le représentant du wali de Bejaïa et celui du ministère de la Culture ont, quant à eux, mis en avant la symbolique d’un festival qui célèbre l’unité culturelle de l’Afrique à travers sa diversité. La Mauritanie, pays invité d’honneur, a été chaleureusement saluée lors des interventions officielles.

Le spectacle d’ouverture, qui a précédé la pièce de théâtre, a mêlé les voix d’une chorale féminine aux influences andalouses, africaines et kabyles, à une chorégraphie racontant les luttes du peuple algérien, du roi Massinissa à la guerre de libération. Ce tableau vivant de l’histoire des combats africains pour la liberté a électrisé la scène et conquis le public.

Le ton est donné : cette édition du FITB sera celle de l’engagement, de la mémoire, et de la fraternité africaine par le théâtre.

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