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Lutte contre la corruption (2020-2024) : 159 interdictions de sortie du territoire, 33 comptes bancaires bloqués

Par la rédaction

L’Office central de la répression de la corruption (OCRC) a dévoilé un bilan détaillé de ses activités entre 2020 et 2024, mettant en lumière l’ampleur des efforts judiciaires engagés dans la lutte contre la corruption en Algérie. Selon les chiffres publiés sur son site officiel, l’Office, placé sous l’autorité du ministère de la Justice, a enregistré un volume significatif de procédures, notamment 5309 plaintes et dénonciations analysées sur la période.

Une sélection rigoureuse des dossiers traités

Malgré ce nombre élevé de signalements, seuls 68 dossiers ont été retenus pour traitement par l’OCRC, après étude approfondie. Ces affaires, jugées crédibles et sérieuses, ont donné lieu à 2696 auditions de suspects, témoins et parties concernées. À l’issue de ces investigations, pas moins de 159 interdictions de sortie du territoire national (ISTN) ont été prononcées, illustrant la gravité des faits reprochés et les enjeux juridiques et financiers en cause.

Des saisies et blocages d’envergure

L’impact économique des actions menées est également considérable. L’OCRC indique que ses enquêtes ont abouti au blocage de 33 comptes ou transactions bancaires suspectes, ainsi qu’à la saisie de 16 biens immobiliers. Ce travail s’est appuyé sur 2048 ordres de réquisition, démontrant la mobilisation étendue des services judiciaires dans la traque des avoirs illicites.

Bien que les montants exacts des fonds bloqués n’aient pas été révélés, ces mesures visent à priver les auteurs de corruption des bénéfices de leurs agissements, tout en permettant une éventuelle restitution à l’État.

Un renforcement des capacités opérationnelles

Depuis 2020, l’OCRC bénéficie d’un soutien accru du ministère de la Justice. Un arrêté ministériel daté du 26 mars 2020 a permis le détachement de 15 fonctionnaires spécialisés auprès de l’Office, issus notamment de l’Inspection générale des finances, du Domaine national, du Trésor, des Douanes et des Impôts. Ce renforcement a permis d’améliorer l’efficacité des enquêtes et d’élargir les capacités d’investigation financière.

Des dossiers emblématiques en toile de fond

Sans mentionner explicitement les affaires ou les personnalités concernées, le bilan de l’OCRC couvre une période marquée par plusieurs procès retentissants ayant impliqué d’anciens hauts responsables politiques et économiques. Il s’inscrit dans une volonté affirmée des autorités de moraliser la vie publique et de restaurer la confiance dans les institutions.

Le Premier ministre Sifi Ghrieb a d’ailleurs souligné récemment, lors de déplacements à Jijel puis à M’sila, l’importance de remettre en service les biens saisis par la justice, notamment les unités industrielles gelées. « Tous les projets qui ont été confisqués devront redémarrer, que cela plaise ou non », a-t-il insisté, en écho aux mesures de restitution et de valorisation des actifs illégalement acquis.

Vers une intensification de la lutte ?

La publication de ce bilan pourrait annoncer une nouvelle phase dans la politique anticorruption de l’État algérien. L’OCRC, créé en vertu de l’article 24 bis de la loi 06-01 du 20 février 2006, apparaît désormais comme un maillon essentiel du dispositif judiciaire, avec un champ d’action renforcé et un rôle plus visible dans le suivi et le traitement des affaires de corruption à grande échelle.

Alors que de nouveaux chantiers de moralisation sont attendus, le message semble clair : les institutions veulent durcir le ton contre les détournements de fonds publics et s’assurer que les dossiers ne restent pas sans suite.

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