Budget 2026 : Alger face à un baril à 66 dollars, prudence et limites
Par : Darine.N
Entre vigilance budgétaire et dépendance persistante, le budget 2026 tente de trouver son équilibre. Construit sur un baril de référence à 60 dollars, il parie sur la stabilité des cours du pétrole pour financer la dépense publique et soutenir la croissance, tout en affichant un déficit important et une diversification économique hors hydrocarbures encore incomplète.
Adopté en Conseil des ministres, le projet de loi de Finances 2026 retient un prix de référence de 60 dollars le baril, tandis que le Brent évolue autour de 66 dollars. Cet écart de six dollars offre une marge de sécurité réduite, dans un environnement soumis aux incertitudes du marché pétrolier.
Le cadrage triennal (2026-2028) table sur un prix moyen de 70 dollars afin d’intégrer les aléas possibles. Dans cette perspective, les dépenses publiques devraient atteindre 12 345 milliards de dinars (+5 % par rapport à 2025), contre des recettes de 8 009 milliards et un déficit global représentant 12,4 % du PIB. L’exécutif maintient une politique de soutien à l’économie, tout en prônant une discipline budgétaire avec un taux moyen de consommation des crédits de 70 %, selon les projections de la loi de Finances 2026.
Cette orientation vise à compenser la baisse attendue des exportations d’hydrocarbures : –2 % en 2026, –0,5 % en 2027 et –2,7 % en 2028. Parallèlement, la fiscalité pétrolière reculerait à 2 698 milliards de dinars, tandis que les recettes hors hydrocarbures progresseraient légèrement grâce à un meilleur recouvrement fiscal et aux dividendes des entreprises publiques.
Une croissance tirée par les secteurs non pétroliers
Le gouvernement prévoit une croissance de 4,1 % en 2026, portée par l’agriculture (+5,4 %), l’industrie (+6,2 %) et la construction (+5,1 %), alors que la production énergétique restera quasi stable. Le PIB nominal atteindrait 41 878 milliards de dinars, dont près de 87 % issus des activités hors hydrocarbures, en ligne avec les objectifs de diversification fixés par la loi de Finances.
Avec un baril autour de 66 dollars, l’Algérie demeure dans une zone de confort budgétaire : les revenus pétroliers couvrent les hypothèses retenues et offrent un léger surplus. Mais cette marge reste étroite : un recul durable des prix sous les 60 dollars creuserait immédiatement le déficit du Trésor, estimé à plus de 5 000 milliards de dinars en 2026. À l’inverse, la stabilité actuelle permettrait de financer les programmes d’investissement et de modernisation inscrits dans le budget.
