Crise politique en France : le Premier ministre Sébastien Lecornu démissionne quelques heures après la nomination de son gouvernement
Paris – Coup de tonnerre sur la scène politique française. À peine quelques heures après la présentation officielle de son gouvernement, le Premier ministre Sébastien Lecornu a remis sa démission ce lundi, annonce confirmée par le palais de l’Élysée et immédiatement acceptée par le président Emmanuel Macron.
Cette décision inattendue intervient dans un contexte de fortes tensions politiques, marquées par un Parlement profondément divisé et une défiance grandissante à l’égard du pouvoir exécutif. La nouvelle équipe ministérielle devait être présentée ce mardi devant l’Assemblée nationale, mais faisait déjà l’objet de menaces de censure, notamment de la part du Rassemblement national.
Son président, Jordan Bardella, a déclaré que son parti était « très proche d’un vote de défiance » contre le gouvernement, dénonçant une équipe dirigeante « qui n’a rien compris aux véritables problèmes du pays ».
Sébastien Lecornu, 39 ans, proche fidèle de Macron et membre de tous les gouvernements successifs depuis 2017, avait été nommé Premier ministre il y a un mois, en remplacement de François Bayrou, évincé après l’échec de son gouvernement face à une motion de censure parlementaire. Lecornu devenait ainsi le cinquième chef du gouvernement sous le second mandat de Macron, et le septième depuis son arrivée à l’Élysée.
La composition du gouvernement, dévoilée dimanche soir, misait sur une certaine continuité. Plusieurs figures de l’ancienne équipe ont été reconduites, comme Gérald Darmanin à la Justice, Bruno Retailleau à l’Intérieur, Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères, ou encore Rachida Dati à la Culture, malgré sa mise en examen dans une affaire de corruption et un procès prévu pour 2026.
Bruno Le Maire, ancien ministre de l’Économie, a été nommé ministre des Armées, tandis que Roland Lescure a hérité du portefeuille de l’Économie, avec pour tâche délicate de présenter une nouvelle loi de finances dans un climat de mécontentement social et de pression sur les comptes publics.
Depuis les législatives anticipées de l’année dernière – un pari risqué tenté par Emmanuel Macron pour reprendre le contrôle de l’Assemblée nationale – la France vit une paralysie institutionnelle. L’absence de majorité claire a déjà provoqué la chute de deux gouvernements, celui de François Bayrou puis celui de Michel Barnier, principalement en raison du rejet de leurs projets de budget jugés trop austères.
La démission de Lecornu, avant même son discours de politique générale, illustre l’ampleur de la crise politique actuelle. Elle met en lumière les difficultés du président à stabiliser un exécutif capable de gouverner dans un environnement fragmenté, tout en faisant face à une dette publique croissante, une société en proie aux tensions et une opposition de plus en plus offensive.
Emmanuel Macron se retrouve désormais confronté à l’urgence de désigner un nouveau chef de gouvernement, dans un climat de défiance généralisée où toute tentative de compromis semble vouée à l’échec.
