L’université algérienne s’engage dans l’innovation pour la construction et l’habitat
L’université algérienne joue désormais un rôle croissant dans le secteur de la construction et de l’habitat, notamment à travers un protocole de coopération récemment signé entre le Laboratoire national de l’habitat et de la construction et la Direction générale de la recherche scientifique et du développement technologique au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Ce partenariat vise à implanter un réseau national d’incubateurs dans les universités, dédié aux domaines de l’habitat, de la construction et du génie géotechnique, une initiative accueillie très favorablement par les spécialistes.
Pour ces experts, l’innovation est désormais une condition incontournable pour améliorer la qualité de vie, préserver les ressources naturelles et répondre aux défis énergétiques. Walid Zegrar, gérant de l’entreprise Dream Design-Construction, souligne que ce partenariat offre une opportunité précieuse aux jeunes talents pour transformer leurs idées en solutions concrètes. « Cette coopération permet d’enrichir le marché du bâtiment avec des produits et services à forte valeur ajoutée, répondant aux besoins croissants du secteur en termes de qualité, durabilité et adaptation aux nouvelles technologies », affirme-t-il.
Au-delà des exigences techniques, il met en avant les attentes d’une clientèle de plus en plus connectée et sensible aux innovations modernes et intelligentes. « La demande évolue vers des solutions adaptées aux nouveaux modes de vie et aux défis urbains, qui nécessitent des matériaux écologiques, durables et résistants aux changements climatiques », explique-t-il. L’innovation est particulièrement attendue dans le domaine des matériaux de construction, où l’efficacité énergétique et l’utilisation des énergies alternatives prennent une place centrale.
Walid Zegrar insiste aussi sur le développement indispensable de la numérisation et de l’intelligence artificielle dans ce secteur, pour garantir une gestion intelligente des bâtiments, optimiser la sécurité et limiter les risques, assurant ainsi une meilleure durabilité. Bien que quelques initiatives innovantes commencent à émerger, notamment dans les matériaux isolants, leur offre reste insuffisante pour couvrir l’ensemble des besoins du marché.
L’architecte Amira Tindighar partage cet optimisme, saluant le lancement des incubateurs universitaires comme un levier essentiel pour faire passer les idées du stade théorique à la concrétisation sur le terrain. « L’innovation est devenue un atout majeur. Nous espérons que ces initiatives permettront de répondre effectivement aux besoins concrets du secteur, au-delà des simples projets », souligne-t-elle.
Toutefois, Amira Tindighar rappelle que le secteur souffre toujours d’une offre limitée en solutions innovantes, notamment en matière de gestion, coordination, contrôle et vérification, où les outils technologiques restent à renforcer. « Malgré de nombreuses visites de foires et salons spécialisés, les solutions adaptées au marché local font encore défaut », déplore-t-elle. Par ailleurs, elle appelle à un renforcement parallèle des aspects réglementaires, notamment l’application stricte des lois d’urbanisme, la création de commissions de contrôle, ainsi qu’une lutte plus ferme contre les constructions illicites et inachevées.
Ainsi, l’engagement des universités dans la recherche et l’innovation constitue une avancée prometteuse pour moderniser le secteur de la construction et de l’habitat en Algérie, en phase avec les exigences environnementales, technologiques et sociales actuelles. Ce partenariat ouvre la voie à une meilleure intégration des jeunes talents et à une transformation durable du cadre de vie des citoyens.
