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Écoles privées : entre frais élevés et classes surchargées

De plus en plus de parents algériens, issus aussi bien des classes aisées que moyennes, optent pour les établissements privés dans l’espoir d’offrir à leurs enfants une éducation de qualité et un environnement pédagogique optimal. Cependant, le début de l’année scolaire 2025-2026 a révélé une série de désillusions, notamment une surcharge inattendue des classes, remettant en cause le rapport qualité-prix promis par ces écoles.

Alors que les frais de scolarité annuels dans ces établissements varient entre 300 000 et 900 000 dinars, certaines écoles dépassent même ce seuil dans les grandes villes comme Alger. Les parents s’attendaient à des classes ne dépassant pas 20 élèves, une pédagogie individualisée et des méthodes d’enseignement modernes. Or, dans plusieurs établissements, les classes comptent désormais jusqu’à 30 élèves, provoquant un vif mécontentement chez les parents. Une mère de famille, interrogée, confie avoir payé plus d’un million de centimes pour inscrire son fils, avant de découvrir qu’il partageait sa classe avec 28 camarades, remettant ainsi en question les engagements pris par l’administration avant le paiement.

Pour les parents, il ne s’agit pas de demander l’impossible, mais de garantir un environnement propice à l’apprentissage, ce qui implique des effectifs raisonnables par classe. L’absence d’une réglementation claire sur le nombre maximal d’élèves dans les établissements privés est vivement critiquée.

Selon le spécialiste de l’éducation Omar Ben Aouda, la surcharge observée dans certaines écoles privées résulte d’une forte demande contrastant avec une offre limitée géographiquement. Ce déséquilibre accentue la pression sur un nombre restreint d’écoles, poussant même certains parents à revenir vers les établissements publics. Il rappelle que la réduction des effectifs à 15-20 élèves en primaire, et 20-25 en secondaire, est essentielle pour garantir un bon suivi et améliorer la qualité des apprentissages. Il recommande un contrôle rigoureux des écoles privées par les inspecteurs de l’éducation, notamment en matière de respect des normes pédagogiques et de capacité d’accueil, condition qui pourrait être liée au renouvellement de leur autorisation de fonctionnement.

Malgré ces problèmes, Ben Aouda souligne les contributions positives des écoles privées dans l’amélioration du système éducatif algérien, notamment grâce à un encadrement individualisé, un climat scolaire serein et des programmes conformes à ceux du secteur public, avec en prime l’utilisation de méthodes pédagogiques innovantes.

Le spécialiste appelle néanmoins les autorités à mettre en place un encadrement juridique clair afin d’éviter les dérives liées à la surcharge et de garantir la pérennité de la qualité de l’enseignement. Il note que si les établissements privés sont soumis à une autorisation du ministère de l’Éducation — incluant des critères sur les locaux, l’encadrement et les programmes —, aucun texte actuel ne fixe explicitement un plafond d’élèves par classe, contrairement à certains pays où cette limite est inscrite dans la loi.

Des responsables d’écoles privées affirment pour leur part que les normes en matière d’effectifs sont similaires à celles du secteur public. Une directrice d’établissement à Alger-Ouest assure que sa structure veille à ne pas dépasser 25 élèves par classe, en fonction du niveau et des disciplines enseignées. Elle insiste sur l’importance d’un environnement pédagogique confortable, permettant aux enseignants d’assurer un suivi individualisé et de maintenir l’esprit interactif de l’enseignement.

Elle précise que le nombre d’élèves par classe dépend de plusieurs facteurs : la superficie des salles, la disponibilité du matériel pédagogique, le nombre d’enseignants qualifiés, ainsi que le respect des normes de sécurité et du bien-être des élèves. Selon elle, la qualité de l’enseignement ne repose pas sur le nombre d’élèves inscrits, mais sur la pertinence de la formation et de l’encadrement. L’objectif reste d’éviter toute forme de surcharge qui transformerait l’enseignement en un simple exercice de transmission collective, au détriment de l’apprentissage personnalisé.

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