Tebboune lance des avertissements fermes sur la production nationale et l’importation des matières premières
Lors d’une rencontre jeudi au Centre international de conférences d’Alger avec les opérateurs économiques, le président Abdelmadjid Tebboune a mis en garde contre les obstacles qui freinent la production nationale, insistant sur l’importance cruciale des matières premières et la protection des producteurs locaux.
« Je ne veux pas qu’une usine réduise son chiffre d’affaires parce qu’on lui interdit d’importer la matière première », a-t-il déclaré, soulignant que la disponibilité des intrants est une « priorité des priorités ». « Si cela exige de doubler l’importation de la matière première, nous importerons deux fois plus », a-t-il précisé, en insistant sur le fait que tout blocage risquerait de paralyser les lignes de production.
Le chef de l’État a rappelé la chute dramatique de la contribution de l’industrie au PIB, passée de 18 % en 1972 à seulement 3 % en 2019, mettant en lumière le défi de relancer le secteur industriel pour atteindre un objectif ambitieux de 13 % dans les années à venir. Il a appelé les entreprises à exploiter pleinement leurs capacités, notamment en généralisant le travail en trois équipes pour répondre à la demande accrue.
Par ailleurs, Tebboune a adressé un second avertissement fort : « Tout manquement aux engagements envers les producteurs ne restera pas sans conséquence et l’auteur en paiera le prix lourd ». Il a insisté sur la nécessité d’offrir aux producteurs tous les moyens indispensables à leur activité, qu’il s’agisse d’accès au foncier, aux crédits ou à d’autres facilités.
Le président a aussi mis en avant le dynamisme entrepreneurial, avec plus de 17 000 projets enregistrés auprès de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI) et près de 10 000 start-up aujourd’hui, signe d’une transformation industrielle importante qu’il faut protéger contre les pratiques nuisibles.
Ces mises en garde s’inscrivent dans le cadre de la consolidation des acquis de la 4e édition de l’IATF 2025, qualifiée par Tebboune de « tournant » pour la production nationale. Il a salué le climat d’investissement favorable en Algérie et la reconnaissance croissante des produits algériens sur le continent africain.
Le président a pris pour exemple le contrat avec le Nigeria pour la fourniture de deux millions de terminaux de paiement électronique, rappelant que « même si cela nécessite l’ouverture de nouvelles lignes de production et l’extension du projet, la crédibilité de l’Algérie est au-dessus de toute considération ». Il a toutefois déploré le rythme actuel de production, jugé insuffisant.
Enfin, Tebboune a souligné que le succès de l’IATF repose sur des producteurs locaux compétents, dotés d’un accès facilité au financement, d’une régulation adaptée des importations, et d’une disponibilité garantie des matières premières. « Les entreprises qui produisent pour l’exportation doivent être performantes, car ne pas avancer équivaut à reculer, et stagner revient au même », a-t-il conclu, exhortant les opérateurs économiques à relever ce défi.
