17 1Actualités Culture 

Ali Mahdi Nouri aux Journées théâtrales de Sétif : un demi-siècle de théâtre au service de la paix et de la mémoire

C’est devant un public attentif qu’Ali Mahdi Nouri, figure emblématique du théâtre soudanais, a partagé son parcours artistique et son engagement lors d’une conférence organisée à la Maison de la culture Houari-Boumediene, à Sétif, dans le cadre de la troisième édition des Journées théâtrales arabes. Diplômé de l’Institut de musique et de théâtre en 1974, il s’est très tôt orienté vers le théâtre de marionnettes, qu’il a contribué à institutionnaliser dans son pays, en lui offrant une place centrale au sein des pratiques culturelles nationales. Sensible à la nécessité d’initier les plus jeunes à la culture, il a commencé sa carrière au ministère soudanais de la Culture, où il a œuvré pour le développement du théâtre destiné aux enfants.

Au fil des années, Ali Mahdi Nouri a élaboré une approche artistique centrée sur la transmission, la mémoire et la résilience. « Je cherchais un sens à la culture nationale soudanaise », a-t-il expliqué, mettant l’accent sur l’importance du langage, de ses significations et de sa portée symbolique dans la construction artistique. Pour lui, le théâtre est un outil capable de porter une mémoire collective et de répondre aux blessures sociales à travers une expression créative accessible à tous.

Reconnu comme Artiste de l’Unesco pour la paix, Ali Mahdi Nouri a fondé en 2004 la compagnie qui porte son nom. Cette troupe s’est spécialisée dans des représentations jouées par d’anciens enfants soldats et des orphelins de guerre, dans des régions touchées par les conflits au Soudan. En 2012, il a lancé le Festival international Al-Bugaa, une plateforme culturelle visant à promouvoir le patrimoine soudanais à travers les arts de la scène, notamment le folklore, les récits populaires et la pantomime. Ce travail artistique repose sur l’intégration des traditions culturelles comme éléments de reconstruction identitaire.

Lors de son intervention, Ali Mahdi Nouri a souligné que son théâtre s’appuie sur la langue arabe, les chants et les récits traditionnels comme moyens de résilience psychologique. Selon lui, ces éléments permettent aux jeunes comédiens de se réapproprier leur histoire et de s’exprimer sur leurs traumatismes dans un cadre sécurisant et créatif. Il a rappelé que le théâtre peut avoir une fonction cathartique, particulièrement dans les sociétés marquées par les violences.

Lauréat du prix Unesco-Sharjah pour la culture arabe en 2011, il a également contribué aux travaux de l’Institut international du théâtre, ce qui a donné à son œuvre une visibilité internationale. Son engagement artistique est ainsi reconnu bien au-delà des frontières du Soudan, faisant de lui un ambassadeur du théâtre comme outil de paix.

Enfin, Ali Mahdi Nouri a partagé avec émotion un souvenir personnel : sa première expérience théâtrale en dehors de son pays, qui s’est déroulée en Algérie dans les années 1970, lors d’un festival universitaire. Il a évoqué cet événement comme un moment fondateur de son ouverture au monde et de sa vocation pour un théâtre du dialogue. Pour lui, la scène demeure un espace de rencontre, de mémoire vivante et d’espoir partagé.

Articles relatifs

Leave a Comment