À l’approche du SILA 2025, deux auteurs algériens à découvrir : Abdellah Hamamdi et Omar Belouadhah
Alors que l’ouverture du Salon international du livre d’Alger (SILA) 2025 approche à grands pas, les premières annonces de parutions et de présentations d’ouvrages commencent à animer la scène littéraire algérienne. Parmi les figures attendues cette année, deux auteurs retiennent particulièrement l’attention, chacun pour des raisons différentes mais complémentaires : l’universitaire et traducteur chevronné Abdellah Hamamdi, et le jeune écrivain Omar Belouadhah, qui fera ses débuts en librairie.
Abdellah Hamamdi : une mémoire vivante de la culture hispanique
Figure éminente du monde universitaire algérien, Abdellah Hamamdi s’apprête à dévoiler au SILA le premier tome de ses mémoires, intitulé Massirat Hayat (Parcours d’une vie). Connu pour sa maîtrise de la langue espagnole et son travail de traduction de textes majeurs de la littérature latino-américaine, Hamamdi est également un spécialiste reconnu de l’histoire de l’Andalousie et de la ville de Constantine. Diplômé de l’Université centrale de Madrid en 1980, il a consacré une grande partie de sa carrière à l’enseignement et à la formation de générations d’étudiants, notamment en tant que directeur du laboratoire de traduction à l’Université de Constantine.
Parmi ses travaux les plus notables, on retient la traduction en arabe de Une odeur de goyave, recueil d’entretiens avec Gabriel García Márquez, ainsi que plusieurs romans de Mario Vargas Llosa. En plus de ses mémoires, il présentera également au SILA un autre ouvrage en langue arabe, réunissant l’ensemble de ses conférences sur les rapports entre littérature, politique et mémoire culturelle. Ce double projet littéraire témoigne de la richesse de son parcours intellectuel et de son engagement constant pour le dialogue interculturel.
Omar Belouadhah : la naissance d’une voix littéraire
À l’opposé du spectre générationnel, mais animé par une même exigence de sincérité, Omar Belouadhah se prépare à faire son entrée dans le monde des lettres avec un premier ouvrage intitulé La déception d’un écrivain. Publié par les éditions Tinhinane, le livre sera officiellement présenté au Salon, où l’auteur animera également une séance de dédicace.
Dans ce texte, Omar Belouadhah livre une réflexion intime sur l’envers du processus d’écriture. À travers une prose introspective et empreinte de lucidité, il explore les désillusions, les blessures silencieuses, les espoirs déçus qui accompagnent parfois la création littéraire. Il ne s’agit pas d’un manifeste littéraire ni d’un journal d’écrivain classique, mais d’un témoignage personnel, destiné à entrer en résonance avec le vécu de tout lecteur confronté à la difficulté d’exprimer ce qui l’habite. « Ce n’est pas un livre sur les lettres, c’est un livre sur les âmes alourdies par les mots », explique-t-il.
La déception d’un écrivain s’annonce ainsi comme un ouvrage pudique mais puissant, à mi-chemin entre le cri et la confidence. L’auteur y invite les lecteurs à reconnaître leurs propres failles et à les transformer en récit. « Je ne propose pas des réponses toutes faites. J’invite chacun à se réapproprier ses blessures et à en faire, peut-être, une histoire », confie Belouadhah. Cette démarche, selon lui, relève davantage d’un appel au dialogue intérieur que d’une simple exposition de soi.
Un Salon placé sous le signe du témoignage et de la transmission
La participation de ces deux auteurs incarne deux visages complémentaires de la littérature contemporaine en Algérie : d’un côté, le récit de vie érudit d’un intellectuel au long parcours, marqué par la transmission des savoirs et l’ouverture sur le monde hispanophone ; de l’autre, l’élan brut et sincère d’un jeune auteur cherchant à transformer la douleur en geste littéraire.
Le stand des éditions Tinhinane, qui accueillera la présentation du livre d’Omar Belouadhah, devrait être l’un des points d’attraction du pavillon algérien lors de cette édition du SILA. L’auteur y promet une rencontre directe avec les lecteurs : « Je vous attends entre les pages, entre une blessure et un rêve, entre une lettre qui vous ressemble et un souvenir qui pourrait vous ramener à vous-même », déclare-t-il.
Qu’il s’agisse de l’héritage culturel transmis par Abdellah Hamamdi ou du regard désenchanté mais porteur d’espoir d’Omar Belouadhah, ces deux publications à paraître soulignent la diversité des voix qui composent aujourd’hui le paysage littéraire algérien. Entre mémoire, introspection, traduction et création, le SILA 2025 s’annonce déjà comme une édition riche en émotions et en rencontres.