Les banques mondiales financent massivement les énergies fossiles, frein majeur à la transition énergétique
Une nouvelle étude publiée par plusieurs ONG, dont Reclaim Finance, WWF, Urgewald et Rainforest Action Network, met en lumière le rôle encore prépondérant des banques mondiales dans le financement des énergies fossiles. Malgré les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris en 2015 et les appels croissants à accélérer la transition énergétique, les 65 plus grandes institutions financières mondiales continuent de privilégier les investissements dans les énergies polluantes au détriment des énergies « soutenables », telles que l’éolien ou le solaire.
L’analyse, qui couvre la période allant de 2021 à 2024, révèle un déséquilibre frappant dans la répartition des financements. Ces banques ont accordé environ 3 285 milliards de dollars aux projets liés aux énergies fossiles, soit plus du double des 1 368 milliards de dollars investis dans les énergies soutenables. Autrement dit, pour chaque dollar dédié aux énergies fossiles, seulement 42 cents sont orientés vers des solutions renouvelables et respectueuses de l’environnement.
Ce ratio, selon les auteurs de l’étude, est loin de correspondre aux objectifs fixés par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui recommande une réduction drastique du soutien aux énergies carbonées afin de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C d’ici la fin du siècle. Les ONG rappellent également que ce financement massif des énergies fossiles s’oppose aux engagements internationaux pris par les banques elles-mêmes et menace la crédibilité des ambitions climatiques mondiales.
L’étude souligne également un point important concernant la définition des énergies « soutenables ». Ce terme, plus strict que celui d’énergies renouvelables, exclut certains types d’énergies comme la bioénergie ou certains projets hydroélectriques. Cette précision permet d’expliquer les écarts parfois constatés avec les données publiées directement par les banques, qui peuvent inclure des financements à ces secteurs dans leurs rapports.
Parmi les grandes banques impliquées dans ces financements figurent des noms bien connus tels que HSBC, JP Morgan, Santander, ainsi que plusieurs autres acteurs majeurs de la finance internationale. Ces institutions, malgré la pression des investisseurs et de la société civile, continuent d’allouer des montants colossaux aux industries du charbon, du pétrole et du gaz, freinent ainsi la nécessaire transition vers un modèle énergétique décarboné.
Les ONG à l’origine de l’étude appellent à une réforme urgente des pratiques financières des banques, soulignant que le système bancaire joue un rôle clé dans l’orientation des investissements à l’échelle mondiale. Elles insistent sur la nécessité pour ces acteurs de réduire rapidement leur exposition aux énergies fossiles et d’augmenter significativement leurs financements pour les énergies renouvelables « soutenables » afin d’être en phase avec les objectifs climatiques.
Cette publication arrive à un moment crucial, alors que les discussions internationales s’intensifient en vue de renforcer les engagements climatiques et de préparer les prochaines grandes conférences sur le climat. Le rapport met en lumière l’écart persistant entre les paroles et les actes des banques, appelant à une vigilance accrue de la part des régulateurs, des investisseurs et des citoyens pour pousser à une véritable transition écologique et énergétique.
En somme, cette étude dévoile une réalité préoccupante : loin d’accompagner la transition vers un avenir durable, les grandes banques mondiales continuent d’alimenter un modèle énergétique fondé sur les énergies fossiles, mettant en péril les efforts internationaux pour limiter le réchauffement climatique et protéger la planète.
