La Banque d’Algérie presse les banques commerciales de relancer le crédit pour soutenir l’économie
Dans son dernier rapport annuel, la Banque d’Algérie (BA) adresse un message clair au secteur bancaire national : il est temps de prêter davantage et de soutenir plus activement l’investissement et la croissance économique. Bien que les banques algériennes affichent des indicateurs globalement positifs – en matière de capitalisation, de liquidité et de rentabilité –, la Banque centrale juge leur appétence au risque encore trop limitée, freinant ainsi leur rôle dans le financement de l’économie réelle.
Selon la BA, les fondamentaux du secteur bancaire sur la période 2020-2024 révèlent « des signes de résilience et d’amélioration progressive », notamment avec une hausse de plus de 11 % du résultat net des établissements financiers et une progression de +3,7 points du ratio de solvabilité globale. Autrement dit, les banques disposent de marges financières confortables et d’une forte capacité d’absorption des chocs, ce qui devrait logiquement se traduire par un engagement plus prononcé en matière de crédit.
Or, la Banque centrale observe une aversion excessive au risque de la part des banques commerciales, traduite notamment par un ratio de solvabilité élevé. Ce niveau, s’il témoigne d’une gestion prudente, peut aussi refléter une sous-utilisation des capacités de financement existantes. Pour l’institution monétaire, ces conditions favorables « plaident pour une plus grande intermédiation du secteur à l’avenir », à travers un octroi plus soutenu de crédits et une meilleure adaptation des services financiers aux besoins des entreprises et des particuliers.
Une reprise timide du crédit malgré un environnement plus porteur
Après une période marquée par une frilosité importante, liée notamment aux incertitudes politiques et judiciaires nées du mouvement du Hirak, les concours bancaires à l’économie ont entamé une remontée progressive. Fin 2024, l’encours des crédits accordés par le secteur bancaire s’élevait à 11 256,5 milliards de dinars, contre 10 694,9 milliards fin 2023, soit une hausse annuelle de 5,3 %. Un chiffre positif, mais qui marque une légère décélération par rapport à la croissance de 5,8 % enregistrée en 2023.
La Banque d’Algérie souligne que, malgré cette dynamique de reprise, les efforts de financement demeurent en deçà du potentiel réel du système bancaire, notamment au regard des niveaux de fonds propres, de liquidité et de rentabilité actuels. Elle insiste sur la nécessité de réduire l’aversion au risque pour permettre aux banques de jouer pleinement leur rôle d’intermédiation.
Un cadre monétaire plus accommodant pour stimuler le financement
Afin d’envoyer un signal fort au marché, la Banque d’Algérie a récemment assoupli sa politique monétaire. Fin août, elle a ainsi abaissé son taux directeur de 3 % à 2,75 %, tout en réduisant le taux de réserves obligatoires (TRO) de 3 % à 2 %. Ces mesures visent explicitement à renforcer la capacité des banques à financer l’économie, en leur offrant un accès plus souple à la liquidité et en libérant des marges de manœuvre supplémentaires pour l’octroi de crédits.
L’objectif affiché est clair : encourager une relance plus vigoureuse du financement de l’économie nationale, en phase avec les ambitions de diversification économique portées par les autorités publiques.
Un appel à une transformation du rôle des banques
En somme, la Banque d’Algérie appelle les banques commerciales à sortir d’une logique de prudence excessive pour s’inscrire dans une dynamique proactive de soutien à l’investissement et à la croissance. Les conditions internes du secteur sont réunies : rentabilité en hausse, solvabilité renforcée, liquidité abondante. La politique monétaire, elle aussi, est désormais davantage accommodante.
Il revient donc aux banques de mieux assumer leur rôle d’intermédiaires financiers, en orientant plus efficacement l’épargne nationale vers des projets productifs. Une transformation indispensable pour accompagner la relance de l’économie algérienne et répondre aux besoins croissants des agents économiques.
