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Constantine : Ouverture du 13ᵉ Festival International du Malouf

Par : Wassila. Z

Dans une ambiance artistique raffinée, la ville des ponts suspendus a célébré l’ouverture de la
13ᵉ édition du Festival International du Malouf, sous le thème évocateur « Le Malouf : de
l’école à l’universalité », lors d’une soirée inaugurale organisée avant-hier au théâtre régional
Mohamed Tahar Fergani.
Un large public, passionné par ce genre musical authentique, a afflué pour assister au
lancement de cette manifestation culturelle d’envergure, qui se poursuivra jusqu’au 24
septembre, avec la participation d’artistes venus de neuf pays, dont la Tunisie, invitée
d’honneur, mais aussi la Turquie, l’Espagne, la Grèce, la Syrie, l’Autriche, la Russie et le
Royaume-Uni.
La soirée a débuté avec une prestation intitulée « Hadra wa Diwane », dirigée par le maestro
Reda Boudbagh, en collaboration avec Adel Meghouache et Malek Chelouk. Cette
performance a proposé une fusion subtile entre les sonorités mystiques de la Issaoua et les
nuances du Malouf traditionnel, saluée par de chaleureux applaudissements.
Deux figures emblématiques de cet art ont été honorées à titre posthume : le maître
incontesté du malouf constantinois, Mohamed Tahar Fergani, et le célèbre musicien
tunisien Tahar Gharsa. Leurs distinctions ont été remises respectivement à Adlane Fergani,
petit-fils du premier, et à Ziyed Gharsa, fils du second. D’autres artistes algériens ayant
contribué au succès de la soirée ont également été salués.
La soirée s’est poursuivie avec l’artiste Leïla Borsali de Tlemcen, première voix féminine de
cette édition. Elle a enchanté l’auditoire avec une sélection andalouse mêlant le style
constantinois à la profondeur de la tradition tlemcénienne. Son répertoire a inclus des
classiques tels que « Ya Dou el Ayani », « Zraq el Jenhane », « Zino Nhar el Youm » et «
Wahda el Ghezal », avant de conclure avec une série de chansons populaires inoubliables.
Le chanteur Hamidou, venu d’Alger, a ensuite interprété des morceaux du registre haouzi,
dans sa première participation au festival. Il a été suivi par Adlane Fergani, qui a transporté
le public dans l’univers de son grand-père à travers des œuvres issues de son répertoire
patrimonial.
La soirée s’est clôturée avec une prestation remarquable du Tunisien Ziyed Gharsa, qui a
alterné entre morceaux de malouf tunisien et classiques algériens tels que « Ya Nass Jaratli
Lghrayeb » et « Fi El Hawa Taaref Qalbi ». Il a rejoint Adlane Fergani sur scène pour un duo
symbolique, en hommage aux rencontres artistiques historiques entre leurs illustres aînés.
Dans son allocution, Elyas Benbakir, commissaire du festival, a souligné l’importance
croissante de cette manifestation dans la valorisation du patrimoine musical algérien. Il a
annoncé l’organisation de concerts dans les wilayas voisines de Mila, Guelma et Skikda,
ainsi qu’un grand spectacle à Alger, rassemblant les trois grandes écoles du malouf.
Il a également révélé la publication d’un ouvrage de référence, « Safinat el Malouf – École
de Constantine », fruit d’une année de recherche et de documentation sous l’égide du

ministère de la Culture. Ce livre ambitionne de devenir une base essentielle pour la
préservation et la transmission du malouf.
Le directeur de la culture de Constantine, Farid Zaiter, représentant le ministère de la
Culture, a insisté sur la portée symbolique de la forte présence étrangère à cette édition,
preuve du rayonnement du malouf au-delà des frontières. Il a affirmé que le festival est bien
plus qu’un simple événement artistique : c’est un vecteur de mémoire, d’identité et de
continuité historique.
Le wali de Constantine, Abdelkhalek Sayouda, qui a officiellement inauguré le festival en
présence du chargé d’affaires de l’ambassade de Tunisie, des autorités locales et de la
communauté artistique, a exprimé son enthousiasme :
« Constantine, qui s’endort au son du oud et se réveille avec la célébration de son histoire,
vous accueille les bras ouverts dans ce festival du patrimoine authentique. Le malouf est la
mémoire vivante d’une ville chantée par les notes. »
Il a également réaffirmé l’engagement de l’État, sous la conduite du président Abdelmadjid
Tebboune, à soutenir les artistes à travers notamment la carte professionnelle et à inscrire le
patrimoine matériel et immatériel de la vieille ville de Constantine au patrimoine mondial.
La cérémonie d’ouverture a aussi été l’occasion de rendre hommage à plusieurs figures
marquantes : Tahar Gharsa, Mohamed Tahar Fergani, Reda Boudbagh, Adel
Meghouache et Malek Chelouk. Le wali de Constantine ainsi que la ministre de la Culture
Malika Bendouda ont également reçu une distinction pour leur soutien constant à la
préservation de ce patrimoine.
Ce lancement officiel donne le ton d’un festival riche en couleurs et en émotions, où le
malouf, loin d’être figé, s’ouvre au monde sans renier ses racines. Constantine, fidèle à
son héritage, confirme son rôle de capitale du malouf, et ce festival en est la plus belle
preuve : le malouf est plus qu’une musique, c’est une âme, un récit, une continuité
culturelle.

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