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IATF 2025 : Experts africains soulignent les défis et opportunités pour une intégration économique durable

À quelques jours de l’ouverture de la 4e édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025), des experts africains en développement économique mettent en lumière les atouts majeurs du continent et appellent à une transformation profonde des stratégies d’investissement et de valorisation des ressources.

Le Dr Abdourahmane Ba, spécialiste sénégalais en évaluation des politiques publiques et stratégie de développement, rappelle que l’Afrique détient près d’un tiers des réserves minérales mondiales, dont plus de 75 % du cobalt, une ressource clé pour les batteries électriques indispensables à la transition énergétique. « Le continent se distingue aussi par un marché intérieur extrêmement dynamique, porté par une population de plus de 1,4 milliard d’habitants et une consommation qui pourrait atteindre 2 500 milliards de dollars d’ici 2030 », souligne-t-il.

Cependant, Dr Ba attire l’attention sur la dépendance alimentaire du continent, qui reste importateur net de denrées à hauteur de plus de 50 milliards de dollars par an, un chiffre susceptible de dépasser les 110 milliards en 2030. Pour remédier à cette situation, il préconise des investissements ciblés dans l’agriculture, les infrastructures rurales et l’agro-industrie, afin de faire de l’Afrique un acteur central de la sécurité alimentaire mondiale.

De son côté, Ishak Kherchi, économiste et directeur de l’École supérieure de commerce, met l’accent sur la nécessité de valoriser localement les ressources africaines par une vision commune et ambitieuse. « Le véritable défi est d’opérer une refonte globale des chaînes de valeur, en allant au-delà de la simple augmentation de la production », explique-t-il. Selon lui, cette transition passe par un effort massif en matière d’éducation, de recherche scientifique et d’innovation technologique, pour favoriser l’émergence d’une expertise africaine en transformation industrielle.

Kherchi souligne également l’importance de mobiliser des financements internes, notamment par la création de fonds africains d’investissement, réduisant ainsi la dépendance aux institutions internationales telles que le FMI ou la Banque mondiale. Il plaide aussi pour le développement d’infrastructures communes dans les domaines du transport, de l’énergie et de la logistique, indispensables à une intégration économique efficace.

Les deux experts s’accordent sur un point clé : l’urgence d’accélérer l’intégration économique continentale, un des grands axes de l’IATF 2025. Alors que les échanges intra-africains ne représentent encore que 14 à 16 % du commerce total du continent, contre plus de 60 % en Europe, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) offre une opportunité unique. Couvrant un marché potentiel de 3 400 milliards de dollars, la ZLECAf est considérée comme l’instrument structurant essentiel pour stimuler les échanges, renforcer les capacités industrielles et promouvoir un développement durable et inclusif à l’échelle africaine.

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