Réforme du transport en Algérie : entre investissement d’État et ouverture du marché à l’importation
L’Algérie engage une réforme majeure dans le secteur du transport public, articulée autour d’un double levier économique : un investissement étatique massif dans le renouvellement du parc de bus et une ouverture progressive du marché à l’importation. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie globale visant à moderniser un secteur confronté à un important vieillissement de son parc roulant et à des défis sécuritaires majeurs.
Un investissement public conséquent pour moderniser le parc roulant
Suite au tragique accident d’Oued El Harrach, qui a mis en lumière les faiblesses du réseau de transport public, le gouvernement algérien a décidé d’importer immédiatement 10.000 bus neufs afin de remplacer les véhicules vétustes actuellement en circulation. Ce renouvellement massif, supervisé par le ministère des Transports, s’inscrit dans un programme ambitieux visant à remplacer 84.000 bus sur plusieurs années, en mettant l’accent sur le transport urbain et suburbain, particulièrement exposé.
Sur le court terme, 5.400 bus âgés de plus de 30 ans seront remplacés d’ici six mois, tandis que 28.000 autres véhicules, en service depuis plus de 20 ans, seront renouvelés progressivement. Cette politique représente un effort significatif d’investissement en devises, avec des impacts directs sur la modernisation des infrastructures et la qualité du service.
Ouverture du marché à l’importation et fiscalité en évolution
Dans une dynamique de libéralisation contrôlée, la nouvelle réglementation autorise désormais les transporteurs à importer des bus neufs ou d’occasion (âgés de moins de cinq ans) sous réserve du paiement des taxes douanières et du respect des procédures réglementaires. Cette mesure vise à dynamiser le secteur privé, favoriser la compétition et accélérer le renouvellement du parc roulant.
Par ailleurs, le gouvernement étudie la possibilité d’une exonération douanière partielle ou totale dans le cadre de la prochaine loi de finances, afin de réduire les coûts d’investissement et encourager les opérateurs à moderniser leur flotte. Cette mesure pourrait également avoir des effets positifs sur la demande intérieure et sur la balance commerciale.
Impact sur les filières industrielles et logistiques
L’importation massive de bus s’accompagne d’une campagne parallèle d’approvisionnement en pneumatiques, essentielle pour la maintenance et la sécurité des véhicules. Cette opération, placée sous la supervision du ministère de l’Industrie, pourrait dynamiser le secteur industriel local, notamment les fournisseurs et les ateliers de maintenance, tout en répondant à une pénurie chronique qui pèse sur la qualité du service et la sécurité routière.
Réforme réglementaire et réduction des coûts socio-économiques liés aux accidents
Parallèlement aux mesures d’investissement, la réforme introduit un durcissement du cadre réglementaire routier. Les nouvelles législations prévoient une responsabilisation élargie aux différents acteurs (conducteurs, auto-écoles, organismes de contrôle technique, gestionnaires d’infrastructures), ainsi qu’une intensification des contrôles routiers nationaux.
Cette évolution vise à diminuer les coûts directs et indirects associés aux accidents de la route — coûts humains, matériels, sociaux et économiques —, et à instaurer un environnement plus sécurisé et plus efficient pour les usagers et les entreprises.
Cette réforme du transport en Algérie, combinant investissement public massif et ouverture progressive à l’importation, illustre une volonté claire de restructuration économique du secteur. Elle pose les bases d’une modernisation nécessaire, qui, si elle est bien accompagnée, pourrait améliorer durablement la qualité du service, renforcer la sécurité routière et impulser un dynamisme économique dans des filières connexes.
