L’IATF 2025 : L’Algérie affirme son rôle de puissance pivot en Afrique
Alors que les dynamiques économiques mondiales redessinent les centres d’influence, l’Algérie fait un pari audacieux : s’imposer comme un acteur central de l’intégration africaine. En accueillant la 4e édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF), du 4 au 10 septembre 2025, Alger ne se contente pas d’organiser un événement commercial — elle envoie un message fort sur sa nouvelle posture géoéconomique.
Une stratégie d’influence par l’économie
Ce grand rendez-vous, qui réunira 2 000 exposants de 75 pays et près de 35 000 visiteurs professionnels, s’inscrit dans une vision plus large : transformer l’Algérie en passerelle économique entre l’Afrique, l’Europe et le monde arabe. À travers l’IATF, Alger veut démontrer sa capacité à fédérer, à connecter et à porter les ambitions économiques du continent.
Ce rôle pivot prend tout son sens dans le contexte de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). En se positionnant comme hôte de cette édition stratégique, l’Algérie s’installe dans le débat sur l’avenir économique de l’Afrique, non plus en marge, mais au cœur de la dynamique continentale.
L’économie au service de la diplomatie
L’IATF 2025, ce n’est pas qu’un salon. C’est un levier diplomatique majeur. Le choix d’Alger pour cette édition a été salué par des figures de poids, dont Olusegun Obasanjo, ancien président nigérian et actuel président du Conseil consultatif de la foire, qui a qualifié l’événement de tournant pour l’émancipation économique de l’Afrique.
À l’échelle internationale, l’événement est perçu comme une démonstration de stabilité, de compétence logistique et d’ouverture. En assurant un cadre propice aux affaires et à la coopération, l’Algérie espère renforcer son attractivité auprès des investisseurs étrangers, notamment africains et asiatiques.
Un soft power africain en construction
L’IATF 2025 est aussi un projet de narration nationale. En mobilisant son administration, ses diplomates et ses institutions économiques, l’Algérie construit une image d’État facilitateur, tourné vers l’innovation, l’entrepreneuriat, la jeunesse, et les industries créatives. Ce n’est pas un hasard si des segments comme le Creative Africa Nexus (CANEX), le Salon africain de l’automobile, ou encore des espaces dédiés aux startups et jeunes chercheurs y occupent une place centrale.
Ce soft power économique s’appuie également sur la diaspora africaine, invitée à jouer un rôle moteur dans le développement des échanges intra-continentaux. Pour Alger, cette approche multidimensionnelle est une clé pour prolonger son influence au-delà de ses frontières physiques.
Un pari logistique et institutionnel ambitieux
Derrière cette vitrine continentale se cache une mobilisation sans précédent. Le président Abdelmadjid Tebboune a exigé que toutes les facilités — logistiques, administratives, consulaires — soient accordées aux participants. Kamel Rezig, ministre du Commerce extérieur, et Selma Bakhta Mansouri, secrétaire d’État aux Affaires africaines, ont été à la manœuvre, accompagnés par une équipe diplomatique renforcée dirigée par le commissaire de l’IATF, Larbi Latrèche.
Le défi est de taille : faire de la SAFEX, le site d’accueil, un hub continental opérationnel, capable de soutenir les flux économiques, culturels et politiques que générera l’événement.
Une vitrine pour l’Algérie de demain
Au fond, l’IATF 2025 est bien plus qu’une foire. C’est un test pour la nouvelle Algérie : celle qui veut rompre avec l’économie rentière, diversifier ses partenaires, et jouer dans la cour des grandes nations africaines. En s’emparant de cette opportunité, Alger ambitionne de devenir un acteur clé dans la recomposition économique du continent, et pourquoi pas, un référent de coopération sud-sud à l’échelle mondiale.