Relations tendues : l’Algérie exige de la France un véritable mea culpa
Youcef.H
Le politologue Hakim Bougrara estime que l’avenir des relations algéro-françaises dépendra de la capacité de la France à corriger ses erreurs et à régler ses contentieux historiques avec l’Algérie, soulignant que la présence de l’extrême droite au pouvoir rend un rapprochement difficile.
Dans un entretien à El Khabar, il analyse la crise actuelle à travers plusieurs dimensions : la situation interne française, les relations bilatérales et les mutations régionales. Selon lui, les tensions sont alimentées par la fragilité économique et financière de la France, dont la dette a atteint 114 % du PIB (plus de 3 300 milliards de dollars), conséquence notamment de la perte de marchés africains et moyen-orientaux évaluée à plus de 200 milliards d’euros par an.
Bougrara accuse l’Élysée d’avoir utilisé la carte de l’autonomie au Sahara occidental pour décrocher des contrats avec le Maroc, une démarche perçue par Alger comme une atteinte à la légalité internationale et qui a entraîné un durcissement diplomatique, incluant le rappel de l’ambassadeur et la suspension de l’accord de 2013. Il établit un parallèle avec l’Espagne, qui a modifié sa position traditionnelle sur ce dossier pour des raisons économiques.
Il dénonce également le double discours français, évoquant la promesse d’un éventuel soutien à l’État palestinien comme une manœuvre destinée à amadouer l’Algérie, reportée de juin à septembre 2025 pour des motifs électoraux. Selon lui, l’extrême droite, qui contrôle les ministères régaliens, attise un discours hostile à l’Algérie, exploitant les tensions extérieures pour masquer les difficultés internes.
Bougrara salue la réponse algérienne, combinant fermeté et « diplomatie de l’ignorance », et rappelle que d’autres pays européens — Italie, Allemagne, Espagne — ont resserré leurs liens avec Alger malgré les campagnes françaises.
Il conclut que le rendez-vous de l’ONU en septembre constituera un test décisif pour un éventuel rapprochement, tout en évoquant la possibilité de scénarios politiques internes en France, comme la dissolution de l’Assemblée nationale ou la démission du gouvernement en cas de crise sociale majeure.