Paiements électroniques en Algérie : des avancées encourageantes mais un déploiement encore limité
Le développement des moyens de paiement modernes en Algérie, pilier essentiel des réformes financières, bancaires et commerciales, connaît une progression notable ces dernières années. Toutefois, malgré les avancées enregistrées, la prédominance du cash dans les transactions quotidiennes reste très marquée, freinée principalement par un déploiement encore insuffisant des terminaux de paiement électronique (TPE) dans le tissu commercial national.
Une infrastructure monétique en progrès mais un parc de TPE encore trop restreint
Depuis 2020, le nombre de terminaux de paiement électronique a quasiment doublé, passant de 33 945 appareils à plus de 68 000 en 2024, pour atteindre environ 77 050 unités à la fin du premier semestre 2025, selon les dernières données du Groupement d’intérêt économique monétique (GIE Monétique), responsable du système monétique interbancaire national. Cette progression illustre une dynamique positive, mais demeure largement insuffisante au regard de l’étendue du commerce de proximité et des besoins d’une population de plus de 45 millions d’habitants.
Le parc national de TPE peine à couvrir l’ensemble du secteur commercial, notamment les petites et moyennes entreprises, où l’usage du cash reste dominant. Ce retard compromet la généralisation des paiements par carte bancaire, qui constituent pourtant un levier clé pour moderniser le système financier, accroître la traçabilité des transactions et réduire les flux monétaires non bancarisés.
Des freins structurels et logistiques importants
Depuis 2018, la réglementation obligeant les commerçants à fournir des terminaux de paiement électronique aux consommateurs pour régler leurs achats par carte peine à se concrétiser pleinement. Le défi logistique et financier d’équiper des centaines de milliers de points de vente est colossal, d’autant que la couverture territoriale et la diversité des acteurs du commerce de détail complexifient cette mise en œuvre.
Pour pallier ces obstacles, la loi de finances 2025 a introduit une mesure incitative majeure : une exonération des droits de douane et de la TVA sur les kits de montage de terminaux de paiement électronique. Cette disposition vise à réduire le coût d’acquisition des TPE, encourager leur diffusion et faciliter la modernisation des infrastructures monétiques.
Des efforts à consolider par des campagnes de sensibilisation et d’accompagnement
Au-delà des mesures fiscales, le succès de la transition vers les paiements électroniques nécessitera un accompagnement renforcé des commerçants, en particulier dans les petites structures souvent réticentes ou mal informées. Des campagnes de sensibilisation ciblées devront promouvoir les avantages des paiements électroniques, tant pour les commerçants que pour les consommateurs.
Par ailleurs, une meilleure coordination entre les autorités financières, les banques, les opérateurs monétiques et les associations professionnelles est indispensable pour lever les freins organisationnels et logistiques.
Vers une modernisation durable du système bancaire et financier
Le développement généralisé des moyens de paiement modernes constitue une étape cruciale pour la modernisation de l’économie algérienne. En réduisant la dépendance au cash et en améliorant la sécurité et la fluidité des transactions, cette évolution soutient la transparence financière et l’inclusion bancaire.
Si les progrès enregistrés sont encourageants, ils doivent s’accélérer pour répondre aux besoins croissants d’un pays en pleine transformation économique. La consolidation de la stratégie nationale des paiements électroniques passera par la conjugaison d’efforts réglementaires, technologiques et pédagogiques, afin de faire basculer durablement l’Algérie vers une économie numérique et moderne.