Énergies renouvelables : l’Algérie bat un record d’importation de panneaux solaires chinois au premier semestre 2025
L’Algérie confirme son virage stratégique vers les énergies renouvelables avec une progression spectaculaire de ses importations de panneaux solaires au cours du premier semestre 2025. Selon les dernières données publiées par l’Unité de recherche en énergie de la plateforme spécialisée Attaqa, le pays a importé 850 mégawatts (MW) de capacité photovoltaïque depuis la Chine entre janvier et juin 2025, un volume jamais atteint auparavant.
Cette dynamique sans précédent s’inscrit dans le cadre d’un programme gouvernemental ambitieux visant à accélérer la transition énergétique, réduire la dépendance au gaz naturel et exploiter pleinement le potentiel solaire considérable du territoire national.
Une cadence d’importation inédite
Sur le seul mois de janvier 2025, l’Algérie a importé 390 MW de capacité en panneaux solaires, un pic mensuel exceptionnel. Le deuxième trimestre a vu une légère baisse, avec 390 MW importés contre 460 MW au premier trimestre. Dans le détail, 160 MW ont été acquis en avril, suivis de 140 MW en mai, 90 MW en juin, 60 MW en mars et 10 MW en février.
Pour mesurer l’ampleur de cette accélération, il suffit de comparer avec les années précédentes : entre 2023 et fin 2024, l’Algérie n’avait importé qu’environ 380 MW de capacité photovoltaïque, et ce, uniquement à partir d’octobre 2023. En l’espace de six mois en 2025, les importations ont donc plus que doublé celles cumulées sur près d’un an et demi.
Objectif : 3 000 MW d’énergie solaire à moyen terme
Cette montée en puissance des importations accompagne le déploiement d’un vaste programme de centrales solaires. Le ministère de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables supervise actuellement la mise en œuvre d’un plan national visant à produire 3 000 MW d’électricité à partir de l’énergie solaire à travers 20 centrales solaires réparties sur l’ensemble du territoire.
Deux appels d’offres ont déjà été lancés pour concrétiser cet objectif. Le premier concerne la réalisation de 15 centrales totalisant 2 000 MW, tandis que le second porte sur 5 centrales d’une capacité globale de 1 000 MW. Plusieurs projets sont déjà en cours :
- Mars 2024 : lancement du projet de la première centrale solaire de 200 MW,
- Avril 2024 : début des travaux de la deuxième centrale (150 MW),
- Suivis par la mise en œuvre des projets des troisième (220 MW) et quatrième centrales (80 MW).
Ces projets structurants s’inscrivent dans la stratégie de l’État algérien de basculer progressivement d’un modèle énergétique basé sur les énergies fossiles vers un mix énergétique intégrant massivement les renouvelables.
Un potentiel solaire mondialement reconnu
Le choix de l’énergie solaire n’est pas anodin pour l’Algérie. Une étude menée en 2021 par la Fondation Friedrich Ebert a classé le pays parmi les zones les plus prometteuses au monde pour la production d’énergie solaire. Avec 86 % de son territoire constitué de désert saharien, l’Algérie bénéficie d’un ensoleillement moyen de 3 000 heures par an, équivalent à une production potentielle de 6,57 kWh/m²/jour.
Selon les experts, le potentiel solaire algérien équivaudrait à 37 000 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an – soit plus de huit fois les réserves prouvées de gaz naturel du pays. Ce gisement énergétique renouvelable offre ainsi à l’Algérie un levier stratégique inestimable pour répondre à la demande nationale, exporter de l’électricité verte et accompagner la transition énergétique mondiale.
Vers un objectif de 15 GW à l’horizon 2035
À long terme, le gouvernement algérien ambitionne d’atteindre une production de 15 gigawatts (GW) en énergies renouvelables d’ici 2035. Cette trajectoire sera soutenue non seulement par la construction de centrales solaires industrielles, mais également par la généralisation de l’autoconsommation, la numérisation du réseau électrique, et la mise en place de partenariats technologiques avec des acteurs étrangers.
Le niveau record d’importation de panneaux solaires en 2025 constitue ainsi une étape majeure dans cette stratégie, traduisant une volonté politique forte et un engagement opérationnel soutenu pour faire du solaire un pilier central de l’indépendance énergétique et de la croissance durable du pays.