Clôture vibrante du 10e Grand Prix El Hachemi-Guerouabi : entre émotion, tradition et promesse d’avenir
Par : Amani H.
La dixième édition du Grand Prix El Hachemi-Guerouabi s’est conclue au Palais de la culture Moufdi-Zakaria à Alger, dans une ambiance empreinte de solennité et de ferveur artistique. Organisé chaque année par l’association portant le nom du grand maître du chaâbi, cet événement rend hommage à l’œuvre d’El Hachemi Guerouabi, tout en assurant la transmission vivante de son héritage musical.
Une édition marquée par la qualité et la diversité
La soirée de clôture, riche en émotions, a réuni de grandes figures de la chanson algérienne telles que Toufik Aoun, Nadia Benyoucef et Kamel Aziz, aux côtés de jeunes talents en devenir. Douze candidats ont participé au concours de chant chaâbi, jugés par un jury présidé par Chahra Guerouabi, fille du défunt artiste et présidente de l’association organisatrice. Le jury, composé de figures reconnues comme Hamid Laidaoui, Karim Semmar, Sid Ahmed Derradji et Smaïl Ferkioui, a évalué les candidats selon des critères exigeants : justesse vocale, authenticité des textes, maîtrise instrumentale, présence scénique et fidélité au répertoire.
Quatre jeunes artistes ont été distingués :
- Kourak Mohamed Amine a remporté le premier prix,
- Romaïssa Kaid Youssef, seule femme en lice, a décroché la deuxième place,
- Idriss Teraa s’est vu attribuer le troisième prix,
- Anis Baaziz a reçu le prix du jury.
L’héritage de Guerouabi célébré en musique
L’un des moments les plus forts de la soirée a été la prestation d’Abdelkader Chaou, figure emblématique du chaâbi, qui a interprété plusieurs de ses titres phares, dont El Qasbah w ana wlidha et Ya el âadra. L’artiste a également dévoilé, pour la première fois, une chanson inédite spécialement composée en mémoire d’El Hachemi Guerouabi. Dans une déclaration touchante, il a salué le niveau des jeunes participants et les a encouragés à mêler fidélité à la tradition et création originale. « Il ne s’agit pas de rejeter la tradition, mais de la faire évoluer sans la dénaturer », a-t-il affirmé.
Une scène partagée par plusieurs générations
Le public a également vibré au rythme de l’orchestre de l’association El Hachemi Guerouabi, formé d’anciens lauréats du concours, dont Salim Sid Driss (2022), Sid Ahmed Derradji (2014), Fethani Mohamed (2024) et Rihane Mechentel (2023). Ensemble, ils ont revisité avec brio des classiques du répertoire du maître comme El madi ghleqt babou, Ya el werqa ou encore Qoulou l nass, tout en rendant un hommage appuyé à Chaou en interprétant l’un de ses titres.
Autre moment fort : la participation surprise de Hassiba Abderraouf, invitée d’honneur de cette édition, qui a électrisé la salle par une prestation saluée par le public.
Une mission culturelle et pédagogique
Au-delà de la dimension artistique, le Grand Prix El Hachemi-Guerouabi vise à perpétuer une mémoire musicale précieuse, tout en assurant la relève. « L’objectif est double : préserver l’héritage d’un géant de la chanson chaâbi, et préparer la génération qui portera cet art demain », a rappelé Chahra Guerouabi. Elle a aussi insisté sur la nécessité d’encourager les jeunes à développer leur propre style, estimant que « l’imitation tue la créativité ».
Cette édition 2025 a été organisée grâce au soutien des ministères de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, du wali d’Alger, ainsi que de plusieurs institutions partenaires, comme l’ONDA et le Palais de la culture.
Vers une édition anniversaire en 2026
Chahra Guerouabi a également annoncé que la prochaine édition, prévue pour 2026, coïncidera avec le 20e anniversaire de la disparition de son père. À cette occasion, plusieurs nouveautés sont envisagées afin de faire de cette édition un moment fort de commémoration et de création. Expositions, hommages élargis, et concerts spéciaux figurent déjà parmi les pistes évoquées.
Le Grand Prix El Hachemi-Guerouabi continue ainsi de s’imposer comme un rendez-vous incontournable de la scène culturelle algérienne, au croisement de la tradition, de l’émotion et de la transmission. Un véritable hommage vivant à une légende de la musique algérienne, et un pont tendu vers l’avenir du chaâbi.