Finances publiques : cap sur la rigueur budgétaire pour la préparation de la loi de Finances 2026
Le ministère des Finances a fixé un plafond de dépenses globales de 17.948,64 milliards de dinars pour l’exercice 2026, selon une note officielle de cadrage budgétaire adressée aux ordonnateurs publics. Ce document, signé par le ministre Abdelkrim Bouzred et daté du 4 juin 2025, encadre la préparation de l’avant-projet de loi de Finances 2026 (APLF 2026). Il marque le lancement du processus de discussions budgétaires prévu à partir du 22 juin courant, dans un contexte économique mondial tendu.
Un contexte international incertain
La note met en garde contre les risques géopolitiques et financiers internationaux, notamment les tensions commerciales persistantes entre les États-Unis et la Chine, la volatilité des marchés, la pression inflationniste et surtout la chute attendue des cours du pétrole, estimés à 66,94 dollars le baril en 2025, contre 79,17 dollars en 2024. Un environnement qui appelle à plus de vigilance, d’efficience et de discipline dans l’allocation des ressources publiques.
Vers un budget rigoureusement encadré
Le cadre de dépenses à moyen terme (CDMT) 2026-2028 sert de fondement à une approche budgétaire pluriannuelle, alignée sur les priorités stratégiques de l’État. La loi de Finances 2025 a déjà fixé un plafond de 17.948,64 milliards de dinars pour 2026 et de 17.387,52 milliards pour 2027. À ce titre, les propositions budgétaires des différents ministères devront s’inscrire dans une logique de programmation triennale, structurée par programme, sous-programme et nature de dépenses.
Les crédits devront être justifiés, alignés sur les engagements publics en cours, notamment :
- la poursuite des grands projets structurants ;
- les programmes spéciaux de rattrapage dans certaines wilayas ;
- le soutien au pouvoir d’achat et aux produits de base ;
- la diversification économique, la transition énergétique et la transformation numérique de l’administration.
Discipline fiscale et mobilisation des ressources
Concernant les recettes, la note exclut toute proposition de réduction d’impôt ou d’exemption fiscale. Les nouvelles mesures fiscales devront viser :
- l’élargissement de l’assiette fiscale ;
- la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales ;
- la simplification des procédures, en lien avec l’amélioration du climat des affaires.
L’objectif est aussi de favoriser l’intégration progressive du secteur informel dans le circuit formel, grâce à des incitations fiscales ciblées.
Maîtrise des dépenses de fonctionnement et d’investissement
Les dépenses de fonctionnement devront faire l’objet d’un resserrement rigoureux. Il est demandé aux ordonnateurs de :
- optimiser les ressources humaines existantes avant tout nouveau recrutement ;
- rationaliser les dépenses administratives (missions, réceptions, consommation d’eau, électricité, gaz, etc.) ;
- maîtriser l’utilisation des véhicules administratifs.
Pour les investissements, l’accent est mis sur :
- l’achèvement des projets en cours ;
- la réduction des projets fortement dépendants des importations ;
- l’obligation de recourir aux entreprises nationales et aux produits fabriqués localement dans les commandes publiques.
Une nouvelle culture de gestion publique
À travers cette note de cadrage, le ministère des Finances pose les bases d’une culture budgétaire renouvelée, fondée sur la rigueur, l’efficience et l’alignement sur les objectifs nationaux. Il s’agit non seulement d’assurer une soutenabilité des finances publiques, mais aussi de maintenir un haut niveau de service public, dans un contexte où les besoins sociaux sont croissants et les ressources financières de plus en plus contraintes.