La Banque d’Algérie précise les conditions d’octroi de la liquidité d’urgence aux banques en difficulté
Bien que le secteur bancaire algérien soit réputé pour sa solidité, sa rentabilité et un niveau de solvabilité supérieur à la moyenne internationale, il n’est pas exempt de risques inhérents à son activité, notamment en matière de liquidité. Pour faire face à d’éventuelles tensions financières au sein des banques primaires, la Banque d’Algérie (BA) vient de publier un nouveau règlement définissant les modalités de l’octroi de liquidité d’urgence, dans le cadre des textes d’application de la nouvelle loi monétaire et bancaire de juin 2023.
Ce dispositif, récemment publié au Journal officiel, vise à encadrer l’intervention de la Banque centrale dans des situations exceptionnelles, tout en garantissant la stabilité du système financier national. L’octroi de liquidité d’urgence est ainsi conditionné à une décision du Conseil monétaire et bancaire et ne peut s’appliquer que dans deux cas précis.
Le premier concerne une banque jugée à la fois solvable et viable, mais confrontée à un besoin temporaire de trésorerie. Dans ce cas, elle doit fournir des garanties appropriées couvrant l’intégralité du montant sollicité. Le second cas touche les banques en proie à des difficultés temporaires de liquidité, mais dont la solvabilité ou la capacité à fournir des garanties demeure incertaine. L’intervention de la Banque d’Algérie n’est alors possible qu’avec l’obtention préalable d’une garantie totale de l’État.
Le texte réglementaire définit également les critères de solvabilité et de viabilité. Une banque est considérée comme solvable si elle présente une perspective crédible de rétablir rapidement ses ratios réglementaires. Elle est jugée viable si elle peut maintenir une rentabilité suffisante sur le long terme, lui évitant ainsi des recapitalisations fréquentes.
Toutefois, même en présence d’une garantie de l’État, l’établissement concerné doit mobiliser ses propres garanties pour sécuriser l’opération. Par ailleurs, la Banque d’Algérie n’intervient qu’en dernier ressort. L’institution monétaire exige l’épuisement préalable de toutes les autres sources de financement possibles, incluant le soutien des actionnaires, les marchés interbancaires et les mécanismes classiques de refinancement de la BA.
Enfin, toute demande de liquidité d’urgence doit être accompagnée d’un plan d’action détaillé, comportant des mesures correctrices et un plan de financement précis, afin d’assurer un retour rapide à une situation de liquidité stable.
Ces nouvelles dispositions visent à offrir une réponse ciblée aux crises temporaires de trésorerie, tout en renforçant la discipline de gestion des banques. Elles entendent également préserver l’intégrité et la résilience du système bancaire algérien, que la Banque d’Algérie a récemment qualifié de l’un des plus solvables au monde, selon son dernier rapport annuel.