Affaire Nahel : le policier renvoyé devant la cour d’assises pour homicide volontaire
Youcef .H
Un an après la mort tragique de Nahel, tué par un tir policier lors d’un contrôle routier à Nanterre, la justice française a tranché. Mardi, les juges d’instruction du tribunal judiciaire de Nanterre ont ordonné le renvoi du policier impliqué devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine pour homicide volontaire.
Le procès pourrait se tenir au cours du deuxième ou du troisième trimestre 2026, ont indiqué le procureur de la République et le président du tribunal. L’annonce marque un tournant majeur dans cette affaire, qui avait embrasé les rues de plusieurs villes françaises à l’été 2023.
Le 27 juin 2023, Nahel, 17 ans, originaire de Nanterre et issu de l’immigration algérienne, avait été abattu à bout portant par un policier alors qu’il tentait d’échapper à un contrôle de police. Les images de la scène, filmées par un témoin et diffusées massivement sur les réseaux sociaux, avaient rapidement contredit la version initiale avancée par les forces de l’ordre. La police évoquait alors une tentative de percussion du fonctionnaire par le véhicule, une thèse désormais écartée.
Le tir mortel avait provoqué une onde de choc dans toute la France, ravivant les débats sur les violences policières, en particulier à l’encontre des jeunes issus des quartiers populaires. De nombreuses voix, dont celles d’experts, avaient dénoncé un recours “institutionnalisé” à la force envers certaines catégories de la population.
Après cinq mois de détention provisoire, le policier avait été remis en liberté sous contrôle judiciaire. Son avocat a qualifié la décision de renvoi en procès d’“extrêmement décevante”, estimant que son client avait agi “en toute légalité”, et a annoncé un appel immédiat.
Du côté de la famille de Nahel, la décision est accueillie avec un mélange de soulagement et de prudence. L’avocat de la mère du jeune homme a salué “l’application du droit”, tout en rappelant que l’enjeu désormais était de convaincre les jurés de la cour d’assises.
L’affaire, devenue emblématique, demeure un révélateur des tensions persistantes entre population et forces de l’ordre dans les banlieues françaises.
