CMA CGM relance son partenariat avec l’Algérie pour un ambitieux projet portuaire stratégique
Après une période d’incertitudes et de gel des discussions, le géant français du transport maritime CMA CGM renoue officiellement le dialogue avec l’Algérie. La rencontre tenue ce lundi entre Rodolphe Saadé, PDG du groupe marseillais, et le président algérien Abdelmadjid Tebboune au Palais d’El-Mouradia marque une relance significative d’un projet portuaire d’envergure qui pourrait redéfinir la logistique en Méditerranée et renforcer les relations économiques entre Alger et Paris.
Dans un communiqué diffusé dans l’après-midi, la présidence algérienne a confirmé que les discussions ont porté sur les opportunités de coopération dans le domaine portuaire et logistique. Cette relance intervient après des mois de flottement, où les tensions diplomatiques avaient suspendu un projet qui, dès son origine, révélait une ambition partagée : faire du littoral algérien un hub maritime majeur reliant le Maghreb, l’Europe et l’Afrique subsaharienne.
Parmi les sites stratégiques ciblés figure le port en eau profonde de Djen Djen, dans l’Est algérien, vu comme un point d’ancrage essentiel pour les corridors commerciaux africains. Mais c’est à Oran que CMA CGM envisage une première concrétisation. Le groupe souhaite obtenir la concession du terminal à conteneurs via sa filiale CMA Terminals. Le programme de modernisation inclut la rénovation des infrastructures, des opérations de dragage, ainsi que l’automatisation des portiques, visant une capacité de traitement de plus d’un million d’équivalents vingt pieds (EVP) par an. Près de 2 000 emplois directs pourraient être créés à cette occasion.
Sur le plan maritime, une ligne régulière entre Oran et Marseille est envisagée. Elle serait assurée par des navires à propulsion GNL opérés par La Méridionale, autre filiale de CMA CGM. Ce service express ambitionne de réduire le temps de transit entre la France et l’Algérie à moins de 48 heures, ce qui représenterait une véritable révolution pour les échanges commerciaux entre les deux rives de la Méditerranée.
Au-delà des considérations économiques, ce projet s’inscrit pleinement dans la stratégie algérienne de diversification de son économie, visant à réduire la dépendance aux hydrocarbures. Il marque aussi un tournant dans les relations algéro-françaises, qui semblaient s’enliser ces derniers mois.
Avec cette alliance stratégique, l’Algérie pourrait s’imposer comme un acteur maritime incontournable dans la région, au point de concurrencer sérieusement le port de Tanger Med, longtemps considéré comme un modèle en Afrique du Nord. Si le projet se concrétise, il pourrait bien repositionner l’Algérie au cœur des échanges maritimes méditerranéens et africains.
