Manchester United : Rúben Amorim à l’heure des décisions dans un club en pleine dérive
Manchester United traverse une crise sportive sans précédent. Plongé dans les profondeurs du classement de Premier League et enchaînant les prestations décevantes, le club de la légendaire enceinte d’Old Trafford semble plus que jamais perdu. Arrivé en novembre dernier pour succéder à Erik ten Hag, Rúben Amorim, présenté comme un tacticien prometteur après son passage remarqué au Sporting CP, peine à imposer sa vision et à redresser une équipe à la dérive.
Le constat est brutal : en 25 rencontres de championnat, Amorim n’a décroché que six victoires. La dernière désillusion est survenue à domicile contre West Ham (0-2), une défaite qui a plongé les Red Devils à la 16e place du classement, à quelques points seulement de la zone rouge. Pire encore, le club affiche déjà 17 défaites en Premier League cette saison, un chiffre impensable il y a encore quelques années pour un géant du football européen.
Dès les premières semaines de son mandat, Amorim a découvert un club rongé par les doutes. La succession de blessures, l’absence de leader incontesté dans le vestiaire, un mercato peu cohérent et un groupe mal structuré ont rendu son travail extrêmement complexe. Si l’on ajoute à cela une pression médiatique incessante et une direction de plus en plus impatiente, le défi apparaît colossal, même pour un entraîneur reconnu pour ses principes de jeu rigoureux.
Le passage de relai avec Erik ten Hag n’a pas été à la hauteur des espérances. Après une première saison prometteuse, le technicien néerlandais avait vu son projet s’effondrer, miné par les tensions internes, les résultats irréguliers et un jeu devenu stérile. L’arrivée d’Amorim devait relancer la machine. Son système de jeu en 3-4-3, alliant pressing haut et transitions rapides, avait séduit au Portugal. Mais à Manchester, le coach portugais s’est rapidement heurté à une réalité bien différente : un effectif mal équilibré, peu réceptif à ses consignes, et manquant cruellement de caractère dans les moments difficiles.
Dans ses déclarations récentes, Rúben Amorim ne cache plus son inquiétude. S’il se montre lucide sur les performances indignes de son équipe, il cherche également à insuffler un sursaut d’orgueil. « Je suis vraiment gêné de n’avoir remporté que six matchs en 25 journées. Il y a quelque chose de profondément anormal dans notre manière d’aborder la compétition. Ce n’est pas une question de confiance, c’est une question d’attitude, de conviction, de culture de la victoire », a-t-il affirmé devant la presse, dans un discours empreint de gravité. Il ajoute : « Ce sentiment que j’évoque, celui de la révolte, du refus de la défaite, doit revenir. Car aujourd’hui, notre position est inacceptable pour un club comme Manchester United. »
Mais au-delà des mots, c’est bien la capacité d’Amorim à transformer cette frustration en dynamique positive qui est scrutée. Selon le Daily Mirror, la direction mancunienne étudiera sa situation à l’issue de la saison. En dépit de son échec en championnat, le technicien portugais garde une carte importante dans sa manche : le parcours de Manchester United en Ligue Europa. L’équipe a atteint la finale de la compétition, un exploit inattendu compte tenu de son niveau actuel en Premier League. Une victoire sur la scène européenne pourrait offrir une qualification directe pour la Ligue des champions et sauver, temporairement du moins, la tête de son entraîneur.
Pour autant, Rúben Amorim semble conscient que le chantier à venir est immense. Il appelle à un été radical, fait de décisions fortes et d’un repositionnement stratégique : « Il faut changer les choses profondément, montrer du courage, car on ne peut pas revivre une saison aussi catastrophique. Si ce sentiment d’impuissance persiste, alors peut-être faudra-t-il laisser la place à d’autres. »
Son message est clair : le projet sportif doit être reconstruit sur des bases saines, avec une direction qui soutient pleinement les choix de l’entraîneur et un effectif renouvelé pour correspondre à ses idées. Sinon, le cercle vicieux pourrait se répéter. La saison actuelle a confirmé que Manchester United ne peut plus se reposer sur sa seule histoire pour gagner. Il lui faut une identité forte, un style de jeu clair, et surtout un vestiaire solidaire, capable de répondre présent dans les grands rendez-vous.
En attendant, Rúben Amorim reste aux commandes, conscient qu’il joue sans doute ses dernières cartes. Il lui reste une finale européenne à disputer, et peut-être, une dernière chance de convaincre qu’il est l’homme de la situation. Car une chose est sûre : Manchester United est à un tournant décisif. Et si la reconstruction ne commence pas dès maintenant, le gouffre pourrait encore s’élargir.
