La fraise envahit les marchés algériens, entre abondance et nouvelles opportunités d’exportation
Depuis quelques semaines, bien avant le début du mois de Ramadhan, la fraise fait une entrée remarquée sur les marchés algériens. Elle est désormais omniprésente sur les étals, produite en grande quantité et vendue à des prix défiant toute concurrence, parfois au même niveau que des légumes tels que la pomme de terre, voire moins chers. Ce phénomène n’est pas seulement dû à la culture sous serre, mais aussi à la culture en plein champ, qui a connu un grand succès cette année.
Les prévisions des services agricoles, notamment à Skikda, annonçaient dès le début de l’année une production exceptionnelle, avec plus de 1 900 quintaux attendus pour la saison agricole 2024-2025. Plusieurs facteurs expliquent cette abondance : les superficies cultivées et un rendement à l’hectare particulièrement favorable. De plus, le climat a été favorable cette année, contrairement aux conditions difficiles de l’an dernier, notamment les inondations à Jijel qui avaient causé des pertes considérables.
Malgré ces aléas climatiques, Jijel a réussi à exporter des fraises en 2024 vers le Sultanat d’Oman et la Côte d’Ivoire, un exemple de la détermination des agriculteurs locaux soutenus par la Chambre d’agriculture de la wilaya. Ces exportations illustrent l’ouverture de nouveaux marchés pour les produits agricoles algériens, soutenus par des mesures de l’État pour promouvoir l’exportation, telles que la mise en place de nouvelles lignes aériennes vers des destinations africaines.
Les produits agricoles ont ainsi pris une place de plus en plus importante dans les exportations. Par exemple, la wilaya de Tiaret a exporté 1,8 million d’euros de produits agricoles vers l’Afrique et l’Europe en 2024. Parmi ces exportations figurent des quantités de cacahuètes envoyées en France, des oignons expédiés en Italie, et des noyaux de pêche destinés à la Turquie.
Investissements et financement dans le secteur agricole
En 2024, la Banque d’Agriculture et du Développement Rural (BADR) a accordé 221 milliards de DA en financements pour soutenir l’investissement dans le secteur agricole, marquant une augmentation de 7% par rapport à 2023. Le montant total des financements accordés par la banque a atteint 1 983 milliards de DA à la fin de l’année 2024. La région des Hauts Plateaux et les wilayas du Sud ont bénéficié de la part du lion de ces financements.
Dans le cadre de l’extension des surfaces agricoles irriguées, le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal, a récemment annoncé à Mila la préparation d’une étude pour l’extension des zones agricoles irriguées via les eaux du barrage de Beni Haroun. Ce projet viendra compléter le périmètre irrigué de Teleghma, couvrant une superficie de 4 447 hectares. Cette initiative résulte d’une coopération étroite entre le ministère de l’Hydraulique et le ministère de l’Agriculture, afin de soutenir les agriculteurs et de développer l’irrigation agricole.
La modernisation de l’agriculture : Une priorité nationale
Le secteur de l’agriculture est au cœur des préoccupations du gouvernement, comme l’a souligné le président de la République lors de la réunion du Conseil des ministres qu’il a présidée lundi dernier. Il a insisté sur l’importance stratégique du Recensement général de l’agriculture (RGA), qui est crucial pour une prise de décision optimale. Ce recensement, qui couvrira toutes les filières agricoles, permettra une meilleure gestion du secteur, une modernisation des infrastructures et un renforcement de son rôle dans la sécurité alimentaire du pays.
Le président Tebboune a instruit le ministre de l’Agriculture d’inclure dans l’opération tous les types de production, des têtes de bétail par catégorie à la répartition géographique de la production agricole, en passant par les périmètres irrigués et les arbres fruitiers, tels que les oliviers et les palmiers. Les experts ont salué cette initiative, la qualifiant de stratégique pour l’avenir du secteur agricole algérien.
Avec ces nouvelles données, les services du Commerce pourront anticiper les besoins en infrastructures de stockage et de distribution, et le secteur industriel pourra installer des usines agroalimentaires en fonction des spécificités régionales. De plus, le suivi des exportations sera renforcé, permettant à l’Algérie de mieux se préparer à exporter ses surplus agricoles.
Cette dynamique vise à renforcer le secteur agricole, à promouvoir les exportations et à assurer la souveraineté alimentaire du pays à long terme.
