Colloque Hommage à Omar Carlier : Un Voyage à Travers l’Histoire Sociale et Politique de l’Algérie
Les recherches de l’historien et anthropologue algérien, Omar Carlier, ont été mises à l’honneur lors d’un colloque qui s’est tenu lundi à Oran, réunissant des chercheurs d’Algérie et de l’étranger. Cette rencontre académique, organisée par le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) en collaboration avec le Centre d’études maghrébines en Algérie, s’est déroulée sous le thème « L’Algérie de 1830 à 1962 sous l’angle de l’histoire sociale, locale et des élites ». Elle a été l’occasion de rendre hommage à cet historien d’exception, qui a consacré une grande partie de sa vie à l’étude de l’histoire contemporaine de l’Algérie, en particulier du Mouvement national.
Né en 1943 à Paris, Omar Carlier a fait le choix de l’Algérie comme pays d’adoption, contribuant de manière significative à l’écriture de son histoire moderne. Sa passion pour l’Algérie et son histoire l’a amené à s’y installer en 1968. L’historien a consacré des décennies à la recherche, notamment en recueillant des témoignages oraux de personnes ayant vécu les événements marquants de l’histoire de l’Algérie. Parallèlement, il a mené des recherches approfondies dans les archives, aussi bien en Algérie qu’en France, afin de produire des ouvrages et des articles sur des thématiques cruciales pour la compréhension du Mouvement national algérien et de ses figures emblématiques.
Ammar Manaâ, directeur du CRASC, a salué l’impact des travaux d’Omar Carlier sur la compréhension de l’histoire contemporaine de l’Algérie, notamment en ce qui concerne le Mouvement national. Il a souligné que Carlier avait laissé une empreinte indélébile dans le domaine de l’histoire sociale, en s’intéressant particulièrement aux conditions de vie des couches populaires et vulnérables pendant la période coloniale. Ses recherches sont encore aujourd’hui une référence pour les étudiants, chercheurs et passionnés d’histoire, a ajouté Manaâ.
Karim Awaras, directeur adjoint du Centre d’études maghrébines en Algérie, a quant à lui évoqué les nombreuses contributions de l’historien au sujet de l’histoire de l’Algérie et du Mouvement national. Il a rappelé que Carlier avait publié son premier article sur le Parti « L’Étoile Nord-Africaine » dans La Revue algérienne des sciences juridiques, politiques et économiques, et qu’il avait également effectué des recherches de fond sur la méthodologie d’étude de l’histoire du mouvement ouvrier en Algérie entre les deux guerres mondiales.
L’historien a également porté un intérêt particulier à l’histoire sociale de l’Algérie et à l’étude des couches vulnérables durant la colonisation. Parmi ses travaux notables dans ce domaine figure son étude intitulée Les ouvriers du tramway d’Alger dans les années 1930, qui met en lumière la situation difficile des ouvriers sous le régime colonial.
Parmi les ouvrages marquants de son œuvre, Carlier a écrit Les lieux de la politique en Algérie (1895-1954), Les origines du Front de Libération Nationale, Organisation secrète du Parti du Peuple algérien (1947-1950) et La violence coloniale, en plus de milliers d’articles et de recherches qui continuent de nourrir les travaux des chercheurs et étudiants.
Le colloque a également permis d’aborder des sujets essentiels liés à l’héritage de l’historien, tels que « Le Mouvement national et la question de la langue : la vision de l’historien », « Une lecture anthropologique des travaux de Carlier » et « Omar Carlier, chercheur au service de la coopération ». Ces discussions ont permis de souligner la pertinence et la profondeur de ses recherches, qui restent d’une grande actualité pour la compréhension de l’histoire algérienne.
Omar Carlier est arrivé en Algérie en 1969, où il a finalement obtenu la nationalité algérienne en 1982, après sa conversion à l’islam, moment auquel il a choisi de prendre le prénom d’Omar. Sa vie et son œuvre ont été marquées par un profond engagement envers l’Algérie et ses luttes historiques. Il est décédé en octobre 2021, laissant derrière lui une œuvre monumentale qui continue d’éclairer les débats sur l’histoire sociale, politique et culturelle de l’Algérie. Ce colloque a donc été une occasion de saluer son travail, qui a contribué à enrichir la compréhension de l’histoire de l’Algérie et du Maghreb.