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L’Algérie à l’heure de la Journée internationale des droits des consommateurs : des progrès et des défis à surmonter

Par : Amani H.

À l’occasion de la Journée internationale des droits des consommateurs, l’Algérie marque des avancées significatives dans la protection des droits de ses citoyens, tout en confrontant de nombreux défis pour garantir un environnement où ces droits peuvent être pleinement exercés. Si des progrès législatifs ont été réalisés ces dernières années, des obstacles subsistent, notamment face à la prolifération des produits contrefaits, aux pratiques commerciales déloyales et aux défis liés à une consommation durable.

Le pays a mis en place un cadre juridique solide pour défendre les droits des consommateurs, en commençant par la loi n°89-02 de 1989 qui a défini les bases essentielles de la protection du consommateur. Cette démarche a été suivie par la loi n°09-03 de 2009, qui a créé des instances spécialisées pour soutenir les autorités administratives dans leurs efforts de protection des citoyens. Ces textes législatifs garantissent des droits fondamentaux, tels que la sécurité des produits, l’accès à une information claire, la garantie de la qualité et la protection contre les pratiques commerciales abusives.

Cependant, l’application de ces lois reste inégale et la lutte contre les abus commerciaux demeure un combat difficile. Les consommateurs algériens sont encore confrontés à des tentatives de tromperie sur les produits qu’ils achètent, que ce soit dans les secteurs de l’agroalimentaire, de l’habillement, ou des pièces détachées automobiles, pour ne citer que quelques exemples. Ces pratiques frauduleuses restent souvent courantes, et les consommateurs sont parfois impuissants face à elles.

Le secteur des pièces détachées automobiles, un exemple flagrant de contrefaçon

L’exemple des pièces détachées automobiles illustre parfaitement cette problématique. Salim, propriétaire d’une Chevrolet Aveo, raconte avoir acheté un démarreur qui n’a pas tenu deux mois. Malgré l’achat auprès d’un magasin réputé à Oran, il s’est retrouvé contraint d’en acheter un autre. « De nombreux automobilistes, y compris les chauffeurs de taxi, font face à ces mêmes mésaventures et il devient quasiment impossible d’éviter ces arnaques, même dans les magasins spécialisés », explique-t-il.

Le secteur de l’habillement n’est pas épargné, avec des produits contrefaits de mauvaise qualité souvent vendus à des prix élevés. Ces articles ne résistent généralement pas aux lavages successifs et se détériorent rapidement, ce qui déçoit de nombreux consommateurs. Ce phénomène touche également d’autres secteurs, tels que la plomberie, les produits cosmétiques, la téléphonie et le mobilier.

L’action des autorités et des associations face à la contrefaçon

Face à cette situation préoccupante, les autorités algériennes multiplient les efforts pour endiguer ces pratiques illégales. En juin 2024, par exemple, des services compétents ont saisi près de 1,9 million de pièces détachées d’une valeur estimée à 1,674 milliard de dinars, dans plusieurs wilayas, dont Alger et Oran. La lutte contre la contrefaçon s’est intensifiée, avec des opérations qui ont permis de découvrir des marques contrefaites et de démanteler des ateliers clandestins spécialisés dans la fabrication de produits cosmétiques illégaux.

Les Douanes algériennes ont également réalisé des saisies massives, notamment en 2023, avec plus de 400 000 produits contrefaits saisis, dont 50 % concernaient des pièces de rechange, suivis des produits cosmétiques et des articles vestimentaires. La répression de ces pratiques reste donc une priorité pour les autorités.

Un soutien limité des associations de consommateurs

Les associations de protection des consommateurs, malgré leurs efforts pour sensibiliser le public, ne parviennent pas à avoir un impact suffisant. Les campagnes de sensibilisation, souvent menées sur les réseaux sociaux, peinent à toucher un large public et souffrent d’un manque de moyens et de relais efficaces. L’absence de ressources et de soutien institutionnel freine considérablement leur action.

Des réformes en cours pour renforcer la protection des consommateurs

Pour pallier ces lacunes, le ministère du Commerce s’attaque à une révision de la loi n°09-03 sur la protection du consommateur et la répression des fraudes. Le but est de renforcer les services offerts aux citoyens en réorganisant les associations de protection des consommateurs. Ces réformes devraient permettre de mieux définir les missions de chaque association, en les spécialisant dans des domaines spécifiques comme l’alimentation, le sport, la culture ou la santé.

En somme, bien que des progrès législatifs aient été réalisés, la protection du consommateur en Algérie reste un défi majeur. Les autorités poursuivent leurs efforts pour garantir un environnement commercial plus sûr et plus transparent, mais il reste encore beaucoup à faire pour garantir une véritable protection des droits des citoyens face aux pratiques commerciales déloyales et à la contrefaçon.

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