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Syrie : Violence et représailles meurtrières après la chute de Bachar al-Assad

Par : Amani H.

En Syrie, les violences récentes ont fait plus de 1000 morts, après des affrontements meurtriers entre les forces de sécurité du gouvernement déchu de Bachar al-Assad et des militants fidèles à l’ancien président. Ces violences de masse, principalement dans l’ouest du pays, pourraient bien être les plus graves depuis plus d’une décennie de guerre. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, près de 750 civils, en majorité issus de la minorité alaouite, ont été tués dans des représailles brutales, tandis que 125 membres des forces de sécurité et près de 150 militants d’Assad ont également perdu la vie. Ces affrontements ont éclaté après que les forces de sécurité syriennes se sont confrontées à des groupes armés restants, principalement des partisans de l’ex-président, dans un contexte de contestation grandissante contre le nouveau gouvernement intérimaire.

Les violences ont principalement eu lieu autour de la ville côtière de Lattaquié, un bastion historique de la communauté alaouite, à la suite du renversement rapide de Bachar al-Assad par les insurgés, dont le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTC), en décembre dernier. La montée des tensions a été exacerbée par des représailles entre factions opposées. Des hommes armés sunnites fidèles à l’ancien régime ont ciblé les Alaouites dans les rues, tuant des civils et incendiant des maisons. Ces attaques visent clairement à punir la communauté alaouite pour son soutien de longue date à Assad, provoquant des scènes de terreur, notamment à Baniyas, où des corps ont été laissés sans sépulture dans les rues et sur les toits des bâtiments.

Les témoins de ces atrocités racontent comment des hommes armés ont empêché les habitants de récupérer les corps des victimes et ont procédé à des exécutions sommaires, vérifiant l’identité des personnes en se basant sur leur religion avant de les tuer. Ali Sheha, un résident de Baniyas, a raconté : « Il y avait des corps dans les rues. Des hommes armés tiraient au hasard sur les maisons et les habitants, et certains demandaient aux gens leurs cartes d’identité pour vérifier leur appartenance à la secte alaouite avant de les exécuter. »

Réactions internationales et appel à la justice

Ces événements ont suscité des condamnations internationales, appelant à la fin des violences et à la recherche de solutions pacifiques. Stefan Schneck, l’envoyé spécial de l’Allemagne pour la Syrie, a exprimé sa profonde consternation : « Je suis profondément choqué par les nombreuses victimes dans l’ouest de la Syrie et j’appelle à un dialogue politique inclusif et à la justice transitionnelle. Nous devons sortir du cycle de la violence et de la haine. » Le chargé d’affaires de l’Union européenne en Syrie, Michael Ohnmacht, a également exprimé son inquiétude, soulignant la nécessité pour toutes les parties de respecter le droit à la sécurité et à la paix pour toutes les composantes du peuple syrien.

La France a, de son côté, condamné fermement les attaques contre les civils sur des motifs religieux, appelant à des enquêtes indépendantes pour faire toute la lumière sur ces massacres. Le ministère des Affaires étrangères a exhorté les autorités intérimaires syriennes à agir avec responsabilité et à garantir la justice pour les victimes.

Dans un discours prononcé dimanche dans une mosquée de Damas, le président par intérim Ahmad al-Chareh a appelé à l’unité nationale et à la préservation de la paix civile. « Ces défis étaient prévisibles », a-t-il déclaré. « Nous devons préserver l’unité nationale, la paix civile autant que possible, et, si Dieu le veut, nous serons capables de vivre ensemble dans ce pays. »

Alors que la Syrie traverse une période d’incertitude et de violences extrêmes, le pays se trouve à un tournant décisif, avec un besoin urgent de réconciliation nationale et de justice pour les victimes de cette guerre dévastatrice.

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