Zelensky rejette un accord avec les États-Unis sur les minéraux rares sans garanties de sécurité contre la Russie
Par : Amani H.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé samedi qu’il avait demandé à ses ministres de ne pas signer un accord avec les États-Unis, lequel visait à permettre l’exploitation des minéraux de terres rares ukrainiens. Selon lui, cet accord n’offrait pas de garanties de sécurité suffisantes pour protéger l’Ukraine contre toute future agression de la Russie.
Cette proposition était l’un des points discutés entre Zelensky et le vice-président américain J.D. Vance lors de la conférence sur la sécurité à Munich vendredi. Elle visait à établir un cadre permettant aux États-Unis d’exploiter les ressources minières ukrainiennes en échange du soutien militaire et économique continu des États-Unis, ainsi que pour le financement de l’aide future. Toutefois, Zelensky a estimé que l’accord se focalisait trop sur les intérêts américains, sans offrir de protection à l’Ukraine.
Selon des fonctionnaires ukrainiens, les minéraux de terres rares de l’Ukraine sont essentiels dans de nombreuses industries stratégiques, notamment l’aérospatiale, la défense et l’énergie nucléaire. Ces ressources pourraient offrir une solution à la dépendance croissante des États-Unis vis-à-vis de la Chine. Toutefois, le président ukrainien a souligné que toute exploitation devrait être conditionnée à des garanties de sécurité claires pour l’Ukraine, qui dissuaderaient toute agression future de la part de la Russie.
Zelensky a affirmé qu’il était crucial que des garanties de sécurité soient liées à des investissements économiques. « Pour moi, il est très important qu’il y ait un lien entre certaines garanties de sécurité et certains investissements », a-t-il déclaré. Il a également insisté sur le fait que tout accord de ce type devrait être conforme à la législation ukrainienne et acceptable pour le peuple ukrainien, soulignant que « le sous-sol appartient aux Ukrainiens en vertu de la Constitution ».
La proposition américaine a été perçue comme une tentative d’exploitation économique du territoire ukrainien sans prendre en compte la question de la sécurisation des gisements miniers dans un contexte de guerre continue contre la Russie. Un haut fonctionnaire ukrainien a fait savoir que les États-Unis n’avaient pas de réponses précises sur la manière de sécuriser les sites d’extraction en cas de poursuite des agressions russes.
De son côté, un porte-parole de la Maison-Blanche a réagi à cette décision, qualifiant de « myope » la position de Zelensky. Selon lui, l’accord sur les minéraux rares offrirait une opportunité précieuse pour l’Ukraine de récupérer une partie des fonds dépensés par les contribuables américains dans le soutien à l’Ukraine, tout en favorisant l’économie ukrainienne. Il a ajouté que des liens économiques étroits avec les États-Unis constitueraient, selon la Maison-Blanche, la meilleure garantie contre les futures agressions russes et un élément clé pour une paix durable.
Les discussions de Munich ont mis en évidence les divergences sur la manière de sécuriser les opérations d’extraction des minéraux en Ukraine, en particulier face à la menace d’une escalade du conflit. En réponse, Kseniiia Orynchak, fondatrice de l’Association nationale de l’industrie minière d’Ukraine, a réaffirmé que tout accord concernant les ressources minières devrait impérativement obtenir l’approbation du peuple ukrainien, soulignant que l’exploitation des sous-sols ukrainiens devait respecter la souveraineté du pays.
Ce refus de signer l’accord met en lumière les priorités sécuritaires de l’Ukraine dans un contexte de guerre prolongée, où les garanties de sécurité semblent désormais aussi cruciales que l’aide économique ou militaire.
