Découverte de fosses communes en Libye : Près de 50 corps retrouvés, une tragédie de plus pour les migrants tentant de rejoindre l’Europe
Par : Amani H.
Les autorités libyennes ont découvert ces derniers jours près de 50 corps dans deux fosses communes situées dans le désert, selon des responsables locaux. Cette macabre découverte s’ajoute à la longue liste des tragédies liées à la migration, alors que des milliers de personnes tentent de rejoindre l’Europe en passant par la Libye, un pays en proie au chaos depuis la chute de son dictateur en 2011.
La première fosse commune, contenant 19 corps, a été retrouvée vendredi dans une ferme de la ville de Kufra, dans le sud-est du pays. Selon la direction de la sécurité locale, les corps ont été transportés pour autopsie. Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des policiers et des médecins en train d’exhumer les corps, enveloppés dans des couvertures. L’ONG Migrant Rescue Watch a relayé ces images, montrant l’ampleur de la tragédie.
L’organisation caritative al-Abreen, active dans l’aide aux migrants dans l’est et le sud de la Libye, a indiqué que certaines victimes avaient probablement été tuées par balle avant d’être enterrées dans la fosse commune.
Une deuxième fosse, contenant au moins 30 corps, a également été découverte à Kufra après une descente dans un centre de trafic d’êtres humains. Selon Mohamed al-Fadeil, responsable de la chambre de sécurité de Kufra, des survivants ont rapporté que près de 70 personnes auraient été enterrées là. Les autorités continuent leurs fouilles dans la zone.
Des fosses communes qui ne sont pas un phénomène isolé
Les charniers de migrants ne sont malheureusement pas un événement rare en Libye. L’an dernier, les autorités avaient retrouvé les corps de 65 migrants dans la région de Shuayrif, à 350 kilomètres au sud de Tripoli.
La Libye reste un point de transit majeur pour les migrants venant principalement d’Afrique et du Moyen-Orient qui cherchent à rejoindre l’Europe. Depuis le renversement de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est plongée dans le chaos, avec des gouvernements rivaux soutenus par des milices et des puissances étrangères. Les trafiquants d’êtres humains ont profité de cette instabilité pour exploiter les migrants, les faisant passer clandestinement à travers les frontières du pays, notamment avec le Tchad, le Niger, le Soudan, l’Égypte, l’Algérie et la Tunisie.
Une route mortelle vers l’Europe
Une fois arrivés sur la côte, les migrants sont souvent entassés dans des embarcations de fortune, risquant leur vie dans des traversées périlleuses sur la Méditerranée centrale. Cette route est devenue l’une des plus dangereuses du monde, avec un grand nombre de naufrages.
Depuis des années, des groupes de défense des droits humains et des agences des Nations Unies dénoncent des abus systématiques à l’encontre des migrants en Libye. Ces derniers subissent des violences physiques, des viols, des tortures, ainsi que des extorsions de fonds de la part des trafiquants, qui forcent souvent les familles des victimes à payer avant de permettre aux migrants de quitter le pays.
Ceux qui sont interceptés en mer et renvoyés en Libye, y compris des femmes et des enfants, sont souvent emprisonnés dans des centres de détention gérés par le gouvernement, où ils continuent de subir des mauvais traitements. Les abus comprennent des actes de torture, de viol et d’extorsion, comme l’ont rapporté les groupes de défense des droits et les experts de l’ONU.
La situation reste tragique pour les migrants en Libye, un pays où le manque de sécurité et l’absence d’un État stable continuent de faire de nombreuses victimes parmi ceux qui tentent d’échapper à des conditions de vie précaires en Afrique et au Moyen-Orient.