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Les Défis Urgents du Nouveau Ministre des Finances

Par : Amani H.

Le ministre des Finances, Abdelkrim Bouzred, récemment nommé, se trouve à la tête d’un ministère confronté à des défis majeurs. Sa gestion se fera sous le signe de réformes urgentes et nécessaires pour répondre aux attentes économiques internes et internationales. Parmi les dossiers clés qu’il doit impérativement traiter, on retrouve des sujets à la fois techniques, stratégiques et sensibles, liés à la modernisation de l’administration financière et à la gestion des ressources économiques du pays.

1. L’allocation touristique : Un dossier sensible à résoudre rapidement

L’allocation touristique, fixée à 750 euros par an par personne, a pris une place centrale dans les préoccupations des citoyens. Malgré une annonce d’augmentation par le président en octobre dernier, cette mesure peine à être mise en œuvre sur le terrain. Les Algériens se tournent alors massivement vers le marché parallèle pour se procurer des devises, ce qui fragilise encore davantage l’économie informelle et entraîne des distorsions. Abdelkrim Bouzred devra finaliser et publier les textes d’application nécessaires pour régulariser la situation, simplifier les procédures administratives et réduire la dépendance à l’informel, afin de canaliser les flux financiers vers le système bancaire officiel.

2. Accélération de la numérisation du secteur des finances

La numérisation du secteur des finances reste inachevée malgré les efforts initiaux. La modernisation des systèmes fiscaux et douaniers reste un chantier clé pour améliorer l’efficacité de l’administration publique et la collecte des recettes. Parmi les réformes les plus attendues figure la création du livret foncier électronique, prévue dans la loi de finances 2025. Ce passage au numérique pourrait permettre de réduire les délais de traitement et de rendre plus transparent le processus. La mise en place de plateformes numériques pour les services des Domaines pourrait également lutter contre la fraude fiscale et améliorer la gestion des biens publics.

3. Ouverture des capitaux des banques publiques : Un virage délicat

L’ouverture des capitaux des banques publiques représente un chantier stratégique qui pourrait avoir des répercussions profondes sur la compétitivité du système bancaire national. Des mesures ont déjà été prises dans ce sens, avec l’ouverture partielle du capital de certaines banques publiques comme le Crédit Populaire d’Algérie (CPA) et la Banque de Développement Local (BDL). Cependant, cette réforme doit être gérée avec précaution pour éviter toute déstabilisation financière. Le ministre devra trouver le juste équilibre entre l’introduction de capitaux privés, nécessaire pour renforcer la compétitivité et l’innovation, et la protection des intérêts nationaux. L’objectif est de faciliter l’accès au crédit pour les entreprises et améliorer la gouvernance des institutions financières.

4. Coopération avec le GAFI : Renforcer la conformité internationale

L’Algérie est en train de renforcer sa coopération avec le Groupe d’Action Financière (GAFI) pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Le pays doit encore mettre en œuvre certaines recommandations du GAFI pour se conformer pleinement aux normes internationales. Il ne reste plus que 13 mesures à appliquer sur 74 pour que l’Algérie respecte la réglementation du GAFI. Cette collaboration est essentielle pour restaurer la confiance internationale dans le système financier algérien et pour sécuriser les flux financiers entrants, essentiels pour l’investissement étranger. Le ministre Bouzred devra piloter cette mise en conformité, en particulier en améliorant la transparence des transactions financières et en renforçant les capacités des institutions de contrôle.

Les réformes économiques et financières auxquelles Abdelkrim Bouzred est confronté sont aussi cruciales qu’ambitieuses. Elles toucheront plusieurs aspects de l’administration publique, du secteur bancaire à la gestion des devises, en passant par la mise en œuvre des standards internationaux de transparence financière. Le ministre devra faire preuve de rigueur, d’expérience et de vision stratégique pour réussir à répondre aux urgences et à relancer la confiance dans le système financier du pays. Le timing est serré, et les attentes de la population et des investisseurs sont considérables.

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