Le Projet de Réouverture de l’Offre d’Achat de Naturgy par Taqa Bloqué par le Veto d’Alger
Par : Amani H.
Le dossier de la réouverture de l’offre d’achat de Naturgy, le plus ancien groupe gazier espagnol, par le groupe émirati Taqa, se heurte toujours à l’opposition ferme de l’Algérie. Bien que Naturgy ne ferme pas la porte à une nouvelle offre publique d’achat (OPA), sans l’accord d’Alger, ce projet risque de se retrouver une nouvelle fois dans l’impasse.
Selon des informations rapportées par la presse espagnole, le groupe Naturgy attend toujours une approbation diplomatique des trois parties impliquées : l’Algérie, l’Espagne et les Émirats arabes unis. Dans son édition d’hier, El Español indique que les actionnaires de Naturgy sont en attente de cette approbation, et que la question principale n’est pas seulement le prix de l’offre, mais également les tensions diplomatiques complexes entre les trois pays. Le journal précise que si ce conflit institutionnel venait à être résolu, les fonds seraient prêts à renégocier et à relancer l’opération. Cependant, les discussions demeurent ouvertes à d’autres investisseurs, si le projet avec Taqa ne se concrétise pas.
Le fonds d’investissement américain Blackrock et Criteria, deux des principaux actionnaires de Naturgy, seraient prêts à céder leurs actions à un nouvel investisseur. Toutefois, Taqa, l’investisseur émirati, cherche à prendre le contrôle total de Naturgy, ce qui compliquerait les négociations. En parallèle, d’autres groupes, comme le fonds australien, seraient disposés à augmenter leurs participations pour faire face aux défis énergétiques actuels. Actuellement, CriteriaCaixa détient 26,7% de Naturgy, BlackRock et GIP possèdent 20,96%, et CVC 20%. Sonatrach, le groupe pétrolier algérien, détient quant à elle 4% du capital de l’entreprise et 51% de la société gestionnaire du gazoduc MedGaz.
Le principal obstacle à la réussite de cette opération réside dans l’attitude d’Alger vis-à-vis de cette transaction. En tant que principal fournisseur de gaz naturel pour Naturgy, Sonatrach joue un rôle stratégique dans cette affaire. Sa position officielle n’a jamais été clairement exprimée publiquement, mais selon des sources proches de l’entreprise, l’arrivée de Taqa dans le capital de Naturgy pourrait entraîner un détournement du gaz algérien vers d’autres destinations que l’Espagne, notamment le Maroc. Une source algérienne citée par l’agence britannique Reuters, l’an dernier, avait même évoqué la possibilité d’annuler le contrat d’approvisionnement en cas de changement dans la structure actionnariale de Naturgy.
Le scepticisme autour de l’éventuelle réussite de ce projet reste donc très fort, d’autant plus que la première offre publique d’achat lancée en juin 2024, d’une valeur de 25 milliards de dollars, a échoué, principalement en raison de l’opposition d’Alger. Ce nouvel échec a mis en lumière la complexité des relations diplomatiques et économiques entre les différents acteurs, et la question de savoir si Taqa pourra surmonter ces obstacles demeure en suspens. Dans ce contexte, l’issue de cette nouvelle tentative d’introduction de Taqa dans le capital de Naturgy reste incertaine, d’autant que l’Algérie continue de surveiller de près les évolutions de cette transaction.

 
                                 
                                