Investissements russes en Algérie : Les attentes restent élevées malgré la déclaration de partenariat stratégique
Par : Amani H.
Plus d’une année et demie après la signature, en juin 2023, de la déclaration de partenariat stratégique approfondi entre les présidents des deux pays, les investissements russes en Algérie demeurent largement en deçà des attentes, à l’exception des secteurs des hydrocarbures et de la défense. Lors de la 12ᵉ session de la Commission intergouvernementale mixte de coopération, tenue avant-hier, le ministre de l’Agriculture, Youcef Cherfa, a souligné l’« absence quasi-totale » des investissements russes en dehors de ces domaines traditionnels.
Malgré les énormes potentialités économiques de l’Algérie et la volonté des autorités des deux pays de renforcer leur coopération, les réalisations restent limitées à un faible volume d’échanges commerciaux, avec un accent particulier sur les exportations agricoles. M. Cherfa a exprimé son insatisfaction, précisant que l’Algérie compte sur un partenariat stratégique plus dynamique, notamment en matière de diversification économique, dans des secteurs comme l’agriculture, les énergies, les mines, et l’industrie. « Il est désormais urgent de passer de l’intention à l’action pour que la coopération économique soit réellement bénéfique pour les deux parties », a-t-il affirmé, insistant sur la nécessité d’un partenariat « gagnant-gagnant ».
Les échanges commerciaux avec la Russie demeurent dominés par des ventes de produits agricoles, notamment le blé. En 2024, l’Algérie se classe au sixième rang des importateurs de blé russe, avec un volume de 2,8 millions de tonnes. Cependant, ces chiffres ne reflètent pas pleinement l’ambition des dirigeants des deux pays de diversifier et d’approfondir leur coopération dans d’autres secteurs stratégiques.
L’importance des investissements russes dans les secteurs clés
Dans ce contexte, les investissements russes sont particulièrement attendus dans des secteurs soutenus par les pouvoirs publics algériens, en particulier les mines et les énergies. L’Algérie ambitionne de développer son secteur minier, notamment avec la production de phosphate, où elle prévoit une production annuelle de 10 millions de tonnes de phosphate brut. Ce secteur est considéré comme un pilier important de la politique de diversification économique du pays, et l’expertise et la technologie russes sont jugées cruciales pour la transformation des matières premières, en particulier les phosphates.
Le PDG du groupe Sonarem, Belkacem Soltani, a souligné l’intérêt d’établir un partenariat stratégique avec la Russie, en particulier dans la recherche, l’exploration et la transformation des ressources minières. Cette coopération vise à renforcer la chaîne de valeur du phosphate et à soutenir le développement de l’industrie minière en Algérie.
Vers un renforcement de la coopération bilatérale
Face à la lenteur des investissements russes, le vice-Premier ministre russe, Dmitry Patrushev, a exprimé l’intérêt des entreprises russes pour la réalisation de projets en Algérie. Il a insisté sur le fait que les conclusions de la réunion bilatérale serviront de feuille de route pour revitaliser la coopération économique entre les deux pays. Selon lui, les perspectives de collaboration entre l’Algérie et la Russie sont prometteuses, notamment grâce aux vastes ressources naturelles dont dispose l’Algérie.
Cette déclaration s’inscrit dans un contexte où les autorités algériennes appellent à accélérer la mise en œuvre de projets de coopération économique concrets, afin de mieux répondre aux attentes de développement dans divers secteurs clés, tout en capitalisant sur le potentiel de partenariat stratégique avec la Russie.
