Réactions syndicales aux statuts particuliers : Le ministère de l’Éducation apporte des précisions, mais les revendications persistent
Par : Amani H.
Le ministère de l’Éducation nationale a apporté des clarifications importantes suite aux réactions suscitées par la publication des statuts particuliers des fonctionnaires du secteur de l’éducation dans le « Journal officiel », et ce, après les inquiétudes exprimées par les syndicats concernés.
Dans un communiqué publié dimanche soir, le ministère dirigé par Mohamed Seghir Saâdaoui a répondu à certaines interrogations soulevées, en particulier celles relatives au statut particulier des fonctionnaires du corps de l’Éducation nationale (25-54) et au régime indemnitaire (25-55). L’objectif était de lever les zones d’ombre concernant certains aspects du texte qui ont suscité des inquiétudes parmi les syndicats.
Le ministère a précisé que le statut particulier (25-54) ne concerne pas de nouvelles dispositions pour les fonctionnaires des services économiques, en particulier ceux travaillant dans l’intendance, chargés de la gestion financière et matérielle. Ces derniers continueront à être soumis aux anciens textes. Le gouvernement a décidé d’examiner leur dossier avec ceux des autres secteurs de la fonction publique. À cet effet, les syndicats seront invités à présenter leurs propositions dans les meilleurs délais, selon le communiqué.
Une autre précision importante porte sur le droit à la retraite anticipée, qui permet de partir cinq ans avant l’âge légal de la retraite. Le ministère a indiqué que les modalités d’application de cette mesure seront définies par un décret exécutif qui sera publié dans les prochains mois et entrera en vigueur cette année.
Le texte des statuts particuliers a également suscité des débats concernant l’interdiction d’exercer toute autre activité professionnelle en dehors des établissements scolaires, considérée comme une faute grave. Le ministère a apporté une réponse à ce sujet en précisant que cette interdiction ne s’appliquait pas aux activités de formation, en particulier l’enseignement, lorsqu’elles sont exercées à titre secondaire et dans le respect des conditions légales. En d’autres termes, dispenser des cours en dehors du cadre scolaire n’est pas considéré comme une faute grave tant que cela se fait de manière réglementaire et non clandestine.
Pour répondre aux préoccupations des syndicats, le ministère a annoncé la création d’une commission spéciale, placée sous la supervision du chef de cabinet du ministère, pour mener des consultations régulières avec les organisations syndicales représentatives. Cette commission sera chargée de recevoir les propositions et observations des syndicats concernant le statut particulier, le régime indemnitaire, ainsi que d’autres préoccupations liées à la situation socioprofessionnelle des fonctionnaires de l’éducation. Un calendrier sera établi pour le traitement des propositions soumises.
Cependant, malgré ces clarifications, les syndicats n’ont pas été pleinement satisfaits. Messaoud Boudiba, coordinateur national du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste), a exprimé sa déception concernant les réponses fournies par le ministère. Selon lui, les précisions apportées sont loin de répondre aux attentes des enseignants, qui, selon lui, sont « en état de choc » après avoir consulté le contenu des statuts particuliers. Il estime que le texte ne correspond pas aux recommandations du président de la République et ne répond pas à l’objectif pour lequel le chantier avait été ouvert. Boudiba appelle à une révision complète des statuts particuliers, afin qu’ils soient en phase avec les attentes des professionnels du secteur et les orientations présidentielles.
Le coordinateur du Cnapeste a également critiqué la création de la commission spéciale, la qualifiant d’« effet d’annonce », soulignant que, bien que la volonté d’écouter les syndicats soit affichée, les réelles solutions tardent à se concrétiser. Il insiste sur la nécessité d’une véritable volonté politique pour résoudre les problèmes posés par le texte.
De son côté, Boualem Amoura, Secrétaire général du Syndicat des travailleurs de l’éducation (Satef), a également estimé que les statuts particuliers nécessitent une révision, tout comme le régime indemnitaire. Il a relevé que certaines dispositions, comme celle qui limite le droit de grève, posent problème. Il a également souligné une incohérence dans le régime indemnitaire, précisant que les intendants ont découvert un barème différent de celui qui leur avait été présenté avant la publication du texte officiel.
Toutefois, Amoura a reconnu que les syndicats doivent faire preuve de patience, bien que la route soit encore longue. Il a affirmé que, bien que le texte soit désormais adopté et publié, la lutte continue pour l’amélioration des conditions des personnels de l’éducation nationale.
Ainsi, malgré les efforts du ministère pour apporter des clarifications et engager un dialogue, les syndicats demeurent insatisfaits et continuent de revendiquer des modifications substantielles des statuts particuliers et du régime indemnitaire pour mieux répondre aux besoins des travailleurs du secteur de l’Éducation.
