Restructuration du circuit commercial : une vision de modernisation et de régulation
Par : Amani H.
Face à un contexte économique complexe, l’Algérie intensifie ses efforts pour structurer et moderniser son circuit commercial, un levier stratégique pour répondre aux défis économiques et sociaux du pays. Sous l’impulsion des ministères du Commerce intérieur, de l’Agriculture et de l’Industrie, une série de mesures ambitieuses a été mise en œuvre pour renforcer la production locale de produits agricoles et agroalimentaires, améliorer le stockage des produits frais et organiser un circuit de distribution plus efficace et régulé.
Relance et modernisation des infrastructures commerciales
Une des initiatives majeures de cette réforme est la relance et la modernisation de la Société de réalisation et gestion des marchés de gros (MAGROS), annoncée par le ministre du Commerce intérieur, Tayeb Zitouni. Cette société, qui gère actuellement neuf marchés régionaux de fruits et légumes, verra son rôle élargi pour devenir un acteur central dans la régulation et l’approvisionnement en produits agroalimentaires. L’objectif est de stabiliser les prix et d’assurer la disponibilité continue des produits de première nécessité, essentiels pour la sécurité alimentaire et la protection du pouvoir d’achat des citoyens.
Développement des grandes surfaces commerciales
Le développement des grandes surfaces commerciales constitue également une composante clé de cette stratégie. Ces espaces sont considérés comme des leviers efficaces pour réguler l’approvisionnement et contrôler les prix. Dans cette optique, plusieurs investissements, nationaux et étrangers, sont attendus pour moderniser les infrastructures commerciales du pays. Parmi ces investissements, on compte l’arrivée prochaine d’un projet qatari qui prévoit l’ouverture de 500 espaces commerciaux à travers le pays. Par ailleurs, la société « Four Weeks » prévoit l’ouverture de plus de 80 points de vente dans le Grand Alger, comprenant des hypermarchés, des supermarchés, et des magasins de proximité, ainsi que des installations dans d’autres régions du pays. Ces projets visent à dynamiser le secteur commercial, réduire le nombre d’intermédiaires et garantir des prix compétitifs tout en luttant contre la spéculation.
Renforcement de la production locale et du stockage
Dans le cadre de cette restructuration, le secteur agricole occupe une place centrale. Le gouvernement a lancé un programme national pour créer des chambres froides de petite et moyenne taille, destinées à améliorer le stockage des produits agricoles et à éviter les pénuries, notamment pour des produits sensibles comme la pomme de terre, l’oignon et la viande. En complément, des facilités bancaires sont mises à disposition des agriculteurs pour les aider à moderniser leurs infrastructures de stockage.
De plus, des partenariats internationaux sont en cours pour la production locale de semences de légumes, réduisant ainsi la dépendance aux importations et contribuant à l’autosuffisance alimentaire du pays. Ces efforts s’accompagnent de l’amélioration des pratiques agricoles, avec des entreprises locales qui jouent un rôle clé dans la diversification de l’offre et la modernisation des équipements.
L’importation comme levier temporaire
Malgré les efforts pour renforcer la production locale, l’État continue de recourir à l’importation comme levier temporaire pour pallier toute carence sur le marché, particulièrement en ce qui concerne les viandes. Cette mesure reste nécessaire pour maintenir l’équilibre entre l’offre et la demande, et garantir des prix abordables aux consommateurs.
Une nouvelle loi pour réguler le marché
Une nouvelle loi sur l’approvisionnement et la régulation du marché est actuellement en cours d’élaboration. L’objectif de cette législation est de protéger le pouvoir d’achat des citoyens, tout en renforçant les mécanismes de contrôle pour lutter contre la spéculation et garantir la conformité des produits importés.
Conclusion
En combinant la modernisation des infrastructures, le soutien à la production locale et la régulation des marchés, l’Algérie s’engage sur une voie qui vise à garantir une stabilité économique durable. Ces efforts montrent une volonté claire de renforcer le circuit commercial, de promouvoir l’autosuffisance alimentaire et de soutenir une croissance économique équilibrée, tout en répondant aux besoins des consommateurs et en protégeant leur pouvoir d’achat. La structuration du marché national, à travers ces initiatives, semble ainsi être un axe stratégique pour l’avenir économique du pays.
